On vit sur des trous II

Publié par Louis Moreau-Ávila

Journal du projet

http://cdspeleo70.free.fr/karst70.htm

Située entre les premiers contreforts des Vosges, le plateau de Langres et le massif du Jura, la Haute-Saône offre une variété de paysages qui l’ont fait surnommer l’île verte.

La géologie haut-saônoise est le reflet de cette diversité : on passe en moins d’une centaine de kilomètres du socle cristallin des ballons d’Alsace et de Servance à la plaine alluviale de Gray. Si les plateaux calcaires sont essentiellement des formations secondaires (calcaires du Trias et du Jurassique moyen), on trouve par endroit des calcaires primaires (marbre du massif de Chagey) et des formations plus récentes. En quelques millions d’années, l’eau a érodé les calcaires haut-saônois et créé le karst que l’on connaît aujourd’hui, karst dont les porches, avens, dollines, pertes et résurgences sont des signes visibles en surface.

On reconnait trois ensembles karstiques principaux : les plateaux de la Saône au Nord Ouest de la Saône, les plateaux de Vesoul et les Monts de Gy entre Saône et Ognon, et les terrains du Jurassique moyen à l’Est de l’Ognon.

Les cavités haut-saônoises sont le reflet de cette variété : malgré les faibles profondeurs atteintes (la Grotte de Captiot culmine à 93 m de profondeur), la Haute Saône abrite des avens imposants (Gouffre de Rougeterre), de longues rivières souterraines (Rivière du Deujeau, Réseau du ruisseau de l’Etang), de nombreuses pertes et résurgences (Gouffre de la Baume de Trésilley, Grotte de la Baume de Scey sur Saône, Source du Planey) et des siphons qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets (Font de Champdamoy, Frais Puits). Ces cavités hébergent de nombreux cavernicoles dont les chauves souris sont les représentants les plus connus.

Elles permettent également, avec un minimum d’entraînement, de découvrir, au sein des clubs du département, le milieu souterrain en toute sécurité.

Il faut également noter l’existence de nombreuses mines (charbon, fer, gypse...) à l’Est du département qui, bien qu’aucun groupe spéléo ne s’y intéresse spécifiquement, abritent d’importantes richesses minéralogiques.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/mondes-souterrains-qu-y-a-t-il-a-decouvrir-sous-terre-2329611

"Quand on découvre une grotte, on dit qu’on l’invente" "Les grottes, tant qu’on est pas rentrés dedans, on ne sait pas qu’elles existent, raconte Luc-Henri Fage, spéléologue et membre de la société des explorateurs. Quand on découvre une grotte, on dit qu'on l'invente. Elle n’existe pas avant qu’on l’ait découverte." Avec l’avènement de la cartographie satellite, la spéléologie est en effet devenue la seule catégorie de l'exploration où chaque pas est un pas dans l'inconnu, comme le précise le spéléologue  : C’est un travail inlassable. Ça n’est pas comme une montagne, où on arrive au pied et on voit immédiatement le sommet. On ne sait pas où on va, à chaque mètre il peut y avoir une surprise. Je me souviens de tous les mètres de première que j’ai fait dans ma vie : ce sont des moments extrêmement exaltants. C’est ça que recherche le spéléologue d’exploration, c’est pour ça que j’ai participé à plein d’expéditions, en Papouasie, en Patagonie, à Bornéo… Tout est possible et c’est extrêmement jouissif de découvrir, c’est quelque chose de rare à notre époque où l’on pense que tout est connu, que le monde est fini. Mais dans ces détails, il n’est pas fini d’être exploré. Pour découvrir de nouvelles cavités, les spéléologues s'intéressent avant tout aux karsts, ces zones calcaires qui peuvent être creusées par l'eau des rivières souterraines, explique Luc-Henri Fage : Ce sont les eaux souterraines qui agrandissent les cavités, les fissures de la roche, et qui forment des réseaux souterrains, des puits pour alimenter la rivière souterraine, qui coule, qui résurge dans la vallée ou dans les siphons proches de la mer ou sous la mer. Les gouffres étant creusés par l’eau, ces rivières souterraines adoptent le même profil que les rivières de surface : l’érosion vers la ligne droite du sommet vers la mer.  Il faut savoir que pour descendre profond il faut monter d’abord, puisque ne pourrons être explorées que les parties émergées. D’autres roches, comme le grès, le granit, peuvent présenter des fissures : mais en l'absence de systèmes creusés par l'eau, il est impossible d'aller très loin.

https://artlivinglab.eu/protagonists/disnovation-org/concom:water-commons

https://artlivinglab.eu/livinglabs/water-commons

Artiste en résidence à Frétigney en Haute-Saône, Louis Moreau-Ávila
produit des récits et des œuvres en s'entretenant avec les habitant·e·s du village.

« Ce lieu, discrètement, devient un lien (…). » Alain Roger, Court traité du paysage