coucher de soleil à l'entrée du village de Frétigney

Compter les gnous

Publié par Louis Moreau-Ávila

Journal du projet

1 gnous, 2 gnous, 3 gnous...

On admet facilement qu’il y a de la mort dans la vie. On pense moins qu’il y ait de la vie dans la mort.

Ce n’est pas une éloge funèbre ou fasciste, énième « vive la mort » à l'œil injecté de sang. C’est un constat: comment pourrait-il en être autrement, quand c’est l’acte d’amour, achevé d’une petite mort, qui donne la vie ? Comment les choses pourraient-elles encore mourir s'il n'y avait pas de vie pour le savoir, ni même, le mesurer ? Ainsi, la vie et la mort sont l’envers et l’avers de la médaille. On pourrait conclure cette réflexion par « et nous faisons partie d’un grand Tout », en regardant le légendaire dessin animé Le Roi Lion, au moment où les gnous nous enseignent une bonne leçon. C’est en nous séparant que nous nous réunissons. Ça fait beaucoup de nous. Et beaucoup de gnous. Et c’est en nous réunissant que nous nous séparons. Tout n’est qu’allures paradoxales: le rapide a besoin du lent pour savoir qu’il va vite. À sa propre échelle, le rapide ne saurait l’être toujours: il faut qu’il soit lent, s’il veut savoir qu’il va plus vite que d’habitude.

Il est 3h15 du matin; je vais aller compter les gnous.

Artiste en résidence à Frétigney en Haute-Saône, Louis Moreau-Ávila
produit des récits et des œuvres en s'entretenant avec les habitant·e·s du village.

« Ce lieu, discrètement, devient un lien (…). » Alain Roger, Court traité du paysage