Champ à l'orée de Recologne les Rioz

Ville d'oreille

Publié par Louis Moreau-Ávila

Journal du projet

Velloreille. Ville d'oreille ? Ou d' « orillon de charrue » ? Plutôt cohérent pour une proposition radiophonique d'être proche d'une cité d'oreille.

Rendez-vous avec la mairesse, Nicole Milési. Je l'avais trouvée plus désinvolte au téléphone, quand je cherchais un logement. J'arrive, un peu intimidé par le cadre administratif et la fonction de la personne. Ce respect républicain qu'on m'a inculqué, pour les profs, les élus, les représentants, les porte-parole…

Elle est très aimable : en un clin d'oeil j'ai mes réponses. Besoins administratifs et matériels (autorisation de faire de la radio dans l'espace public, besoin de tables, chaises etc.), questions sur l'identité de la commune, demande de contacts pertinents pour que mon travail s'abreuve et s'adapte, à l'aune de rencontres locales. Sans tergiverser, l'air décidé, mon interrogatoire se mène avec une voix de fausset, courtoise et légère, comme je sais faire. Un bon élève au garde à vous. Je termine avec un gros paquet de journaux bi-annuels sous le bras. Dans le placard duquel ils sont sortis, une boîte avec des renseignements sur la grotte de la Baume-Noire. Je peux venir les consulter, mais sur place, me dit-elle. Je n'y manquerais pas. Ça a l'air d'être quelque chose cette grotte. Madame Milési rebondit sur l'évocation de mon intérêt pour le souterrain, les choses publiques du sol, et donc de cette grotte communale, gîte chiroptérique et gisement archéologique (on voit à nouveau comme gîter et giser sont liés). Elle note dans son agenda, au 25 mai, « chauve-souris » : il y aura ce jour un évènement en compagnie de la Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l'environnement, du sous-sol et des chiroptères de franche comté (CPESPESC).

Sol en latin se dit tabulatum, ce qui renvoie aux notions de table, mais aussi de contrats, de tablettes à écrire, d'archives, de bulletin de vote, de carte géographique... Incroyable, non ? 

Artiste en résidence à Frétigney en Haute-Saône, Louis Moreau-Ávila
produit des récits et des œuvres en s'entretenant avec les habitant·e·s du village.

« Ce lieu, discrètement, devient un lien (…). » Alain Roger, Court traité du paysage