3 février 2017 : histoire

3 février 2017 : histoire

Publié par Ninon Lemonnier

Journal du projet
Livre Photographie Design graphique

Là où nous en sommes dans son histoire, la photographie est en noir et blanc, nette, reproductible (c’est-à-dire que l'on peut reproduire en plusieurs exemplaires la même image) ; le temps de pose est plus court, réduit à quelques secondes et même à quelques dixièmes de seconde ; et le matériel devient de plus en plus petit et léger... Il reste deux grandes inventions à faire : un support beaucoup moins fragile et la photographie en couleur !

Un support moins fragile : la pellicule

George Eastman (1854-1932) est connu pour avoir révolutionné la photographie en fabriquant en série le premier appareil photographique portable: le Kodak, en 1888. Il est le fondateur de la compagnie du même nom, Kodak (un nom qu’il voulait pouvoir prononcer dans toutes les langues).
Le Kodak puis le Brownie sont de petits appareils chargés d’une pellicule d’une centaine de vues que l’on donnait au laboratoire une fois les prises de vue effectuées. Le laboratoire développait la pellicule, en remettait une neuve dans le boîtier et remettait l’appareil rechargé à son propriétaire, pour une somme modique.

Cela a permis l’essor de la photographie auprès du grand public. Et Kodak ne s’y est pas trompé ! Ses publicités avaient particulièrement les femmes et les enfants pour cœur de cible.

Ainsi la photographie n’est plus réservée seulement aux personnes riches ou aux professionnels. Tout amateur peut s’adonner à cette nouvelle passion.

Eastman est surtout connu pour avoir mis sur le marché dès 1885, le premier film commercial au monde : basé sur du celluloïd transparent et flexible. Le support perd ainsi de sa fragilité. Bien sûr, il faut toujours le manipuler avec précaution !

Ce sont les mêmes pellicules, mais plus étroites et beaucoup plus longues, qui sont utilisées au cinéma. Le cinéma, c’est un véritable défilé hyper rapide de « photographies » prises les unes à la suite des autres. En général, 24 photographies par seconde !
 

La couleur : des techniques multiples

Avant la photographie couleur, pour obtenir des photos en couleur, il n'y avait pas 36 solutions ! La plus répandue et la plus simple (relativement) consistait à coloriser à l'aquarelle les tirages noir et blanc. Comme le faisait le photographe italien Felice Beato, notamment pour ses photographies du Japon. Bien sûr, tout le monde souhaite se rapprocher encore plus d'images réelles et attend la petite révolution technique...

La trichromie
Cette technique, longue et plutôt fastidieuse, consiste à prendre trois photos du même sujet : chaque cliché est réalisé avec un filtre d'une des trois couleurs primaires de la lumière (rouge, vert, bleu). Chaque filtre laisse passer uniquement les rayons de sa couleur : le filtre vert laisse passer les rayons verts, etc. Ainsi on obtient trois clichés légèrement différents, en noir et blanc bien sûr ! Grâce aux pigments, on obtient un tirage rouge pour le cliché « filtre rouge », un tirage vert pour le « filtre vert », et bleu pour le « filtre bleu », le tout sur plaques de verre. Il ne reste plus qu'à superposer les plaques pour obtenir une photographie en couleur !
Louis Ducos du Hauron est l'un des pionniers de cette technique. Sa Trichromie retrospective : anciens essais. Feuilles et pétales de 1869 est considérée comme l'une des premières photographies en couleur.
L'un des fervents amateurs de cette technique est le russe Sergeï Mikhailovich Prokudin-Gorskii. Il fait même créer un boîtier spécial, à triple objectif, pour prendre les trois clichés en même temps ! Photographe officiel du dernier tsar, Nicolas II, il est envoyé en mission, à partir de 1905, dans tout le territoire russe, pour immortaliser ses contemporains et ramener des images actuelles de son pays à son souverain.

L'autochrome
Ce sont les frères Lumière qui ont mis ce procédé au point en 1903. L'autochrome fonctionne comme le pointillisme, un courant pictural de la même époque. Ils utilisent de la fécule de pomme de terre et des pigments rouge, vert et bleu, sur la même plaque. Ce qui facilite la prise de vue, puisqu'un seul cliché suffit. Après passage en laboratoire, on obtient une image positive sur la plaque de verre.
Albert Kahn est un richissime banquier passionné de photographie. Il va devenir un très grand mécène en envoyant des opérateurs dans le monde entier avec des appareils-photo pour la couleur autochrome, dès 1909. Ils constitueront les Archives de la planète.

Le Kodachrome et l’Agfacolor
Il fallait évidemment rendre plus facile la prise de vue couleur. Tout comme pour le noir et blanc.
Aux États-Unis, ce sont deux musiciens épris de physique et de chimie qui trouvent la bonne composition pour faire des pellicules couleur, pour l’entreprise Kodak. En Europe, au même moment, deux chimistes parviennent à trouver une formule quasi identique, pour l’entreprise Agfa.
Par la suite, chaque firme va créer sa propre recette.
Les photographies en couleur sont très coûteuses. Aussi les premiers photographes à l’utiliser sont ceux qui travaillent dans les milieux de la mode et de la publicité. Avec le temps, le procédé se démocratise, supplantant même le noir et blanc chez les amateurs !

Le Polaroïd
On ne peut parler de photographie couleur sans évoquer le Polaroïd, procédé de photographie à développement instantané. Grâce à une chimie complexe contenue dans un petit réservoir placé entre des couches de papier, qui se répand sur le film sensible après l'exposition, on obtient en quelques secondes une image sur papier. Le Polaroïd en couleur est arrivé sur le marché en 1963, et son succès ne s'est jamais démenti jusqu'à l'avènement du numérique.
Si cette technique est très appréciée des amateurs, elle suscite aussi beaucoup d'intérêt chez les artistes, comme David Hockney ou Andy Wahrol.

La couleur : des techniques multiples

Beaucoup de temps a passé... et le numérique est arrivé

La principale différence entre la photographie analogique (ou argentique) et la numérique est le support d'enregistrement : on passe d'un support matériel (plaque de cuivre, plaque de verre, pellicule argentique, etc.) à un support immatériel (les données numériques). L’affichage numérique est entièrement basé sur les pixels.
Ce sont de toutes petites unités d’information en couleur. Là aussi, cela fonctionne exactement comme le pointillisme.

La photographie numérique a tout un panel d’avantages.

Elle permet de faire des photos en très grand nombre, et de les stocker facilement (sur la mémoire de l’ordinateur ou sur un disque dur externe).
On peut retoucher facilement une photo numérique, même sans avoir le logiciel Photoshop. La plupart des appareils photo peuvent corriger les petits défauts comme les yeux rouges. On peut imprimer facilement et en grand nombre les images depuis un ordinateur. Ou les partager sur Internet.

En contrepartie, on trouve qu’aujourd’hui il y a beaucoup trop d’images...

Maintenant que l’on sait d’où vient la photographie, on va pouvoir s’en donner à cœur joie !

Beaucoup de temps a passé... et le numérique est arrivé