Vendredi 25 mai 2018 – Paréidolies

Vendredi 25 mai 2018 – Paréidolies

Publié par Delfine Guy

Il se trouve que le pôle scolaire d'Attigny est en grande partie conçu dans le bois. La bibliothèque en est revêtue sur une longueur entière, ce qui nous a donné l'occasion de "lire" les taches sur les murs et d'inventer des histoires à partir des formes interprétées au moyen de craies et de pastels. C'était comme si tout à coup un livre immense s'ouvrait pour nous, fourmillant de créatures étranges, inspirées par la nature et le folklore des Ardennes autant que les films d'aventure, les dessins-animés, la science-fiction.

Ce travail est semblable à celui que je mène avec les couleurs, une habitude conservée de l'enfance. Je suis devenue une rêveuse de taches d'encre à force de rêver dans la pierre (selon la définition de Gaston Bachelard). Lecture au-delà du visible ou du lisible. Manière de voir, d'écouter, de penser. Façon d'intégrer la matière. Ce processus, je l'appelle "bagarre heureuse", car il fait se réveiller la langue en marge des espaces où on l'attend. Il convoque l'inimaginable. Il permet de descendre en soi-même.

Les enfants, à leur façon, ont éprouvé cela. Pas question de savoir dessiner alors. Les taches sur le mur ont servi de guides; elles ont fait avancer leurs histoires dans la pièce, jusqu'à ce que chacun s'en saisisse et lui donne une tournure particulière.