METAMORPHOSIS : investigation, par l'image et la poésie, des champs de la métamorphose dans l'humain. Par métaphore, ce projet s'articule autour du papillon et du serpent, figures éminemment emblématiques du changement de forme, actives dans les mythes anciens quoiqu'à la source de mes recherches sur les paradoxes du monde contemporain. Le titre complet de ce processus créatif est : METAMORPHOSIS, le mur du serpent et du papillon. Un mur virtuel sera ouvert afin de montrer les différentes étapes de mon travail, qu'un livre viendra parachever.
Je m'attache depuis longtemps à déceler les variations de l'être, tant sur le plan physique que dans les domaines psychiques: mue, dehors, changement de forme ou de nature, traduction, transfert, travestissement, évolution, (trans)migration, conversion, etc. La tenue quasi quotidienne de carnets fait état de mes analyses et de mes recherches en ce sens. La pratique de la danse amplifie mon ressenti. Le monde animal n'est pas absent de cette réflexion, et tout naturellement j'en suis venue à l'orienter vers le papillon et le serpent, emblèmes de la transformation. Chacun à sa manière, le papillon et le serpent fascinent. Ils sont porteurs de symboliques très fortes et l'on retrouve leurs pouvoirs actifs dans de nombreuses cosmogénèses, en particulier chez les Aztèques et les Mayas. Deux séjours successifs au Mexique ont largement contribué à cristalliser ce projet, d'autant que les mythes premiers survivent aujourd'hui encore, à travers les histoires de nombreuses populations indiennes d'Amérique. Par-ailleurs, les réseaux sociaux actuels offrent à leurs utilisateurs des "murs" où chacun peut se jouer d'une image, se montrer comme il est ou comme il n'est pas, divulguer ce qu'il entend que l'on fixe pour la postérité. L'humain se poursuit lui-même, s'épingle tel que le ferait un chasseur de papillons, jette à la figure d'autrui ses mues ou ses filets. Les notes que je prends dans l'ombre, sur papier, dans le monde virtuel sont déversées par milliers, le plus souvent sans distanciation, et presque toujours assorties d'images. Images que l'on peut mentir à souhait, retoucher, effacer, capturer. C'est ce qui m'a donné l'idée de travailler Metamorphosis en conservant cette notion de mur: durant les six mois de création qui me seraient accordés, j'ouvrirais un blog et/ou une page Facebook consacrés à l'écriture de la métamorphose, à partir de ma propre expérience, et ce, dans mon habitat naturel, la ville où j'évolue – Reims. Le site virtuel se verra nourri à flots réguliers – de poésie, de prose poétique, d'images. A la fin, les textes les plus aboutis, les plus travaillés, seront proposés à l'édition, assortis de visuels. Le mur devient ici un défi journalier et équivaut à traverser les apparences. Le papillon et le serpent demeurent les grandes articulations de la mise en mots et en images, pour leurs capacités supposées ou avérés, métaphoriques ou animales. Leurs noms en disent long sur les thèmes à creuser: crotale-diamant, serpent à lunette, fer-de-lance, apollon, sylvain, monarque, satyre, etc. L'image sera exploitée, comme il est de mise sur le mur. Mais alors, elle intervient ici comme contrepied. Des techniques aléatoires (par exemple, le Polaroïd, l'encre et l'eau, le charbon) contraignent à distinguer ce qui ne "flashe" pas nécessairement. La déformation n'est plus la chose à éviter mais, au contraire, un espace à gagner, à relier. Un peu d'humour aussi ne saurait nuire. Bien sûr, le projet Metamorphosis ne se veut pas simplement un jeu poétique autour du changement, même sous toutes ses subtilités et déclinaisons. Il s'appuie sur des lectures (dans tous les sens du terme), se renforce par des recherches (des trouvailles) ininterrompues. Plonger en soi, c'est a fortiori nager dans les abîmes d'une mémoire collective. C'est réactiver des champs de conscience en vivant son expérience singulière tout en adhérant à celle des autres. Unicité, altérité, identité, intimité, étrangeté, posent question et agiteront ma chronique. De même que le devenir de la planète: le papillon chevauche l'air, l'élément du serpent est la terre. Sujets sensibles, en perpétuelle (dé)gradation. Ce temps de création me permettra enfin d'expérimenter de nouvelles formes d'écriture, dans la mesure où mes ébauches primitives sortiront des carnets et où il me sera possible d'enclencher un rythme d'écriture plus séquentiel.
Ardennes
Par le(s) artiste(s)