Journal d'atelier 4 et 5 janvier 2018

Journal d'atelier 4 et 5 janvier 2018

Publié par Delfine Guy

Jeudi 4/vendredi 5 janvier 2018

 

Le projet Metamorphosis est déjà largement entamé depuis plusieurs semaines: publications sur FB, tenue de trois cahiers simultanément, choix des trois grands axes de recherche, de création, de partage, etc. Mais j'éprouve la nécessité de revenir sur mes pas – de rétablir en quelque sorte l'image première, celle qui m'a touchée de plein fouet en me donnant le goût de la haute voltige, encore que mes genoux cloués au sol et mes poumons gonflés d'air ne m'aient rien permis à ce moment-là que des mines extasiées.

PAPILLON. TRIELLE. AOÛT 2009. C'est toujours le souvenir de ce Myrtil (?) qui me revient en premier, entraînant à sa suite des rafales d'images – lignes de fuite, enjambées – sa posture, tandis qu'accroupi au centre d'une feuille, il semblait vouloir échapper au prédateur que je représentais pour lui. J'ai senti la peur descendre par vagues avec la force du soleil d'alors, ma part n'étant pas la moindre puisque je n'avais pas l'intention de détruire quoi que ce soit. Soudain, je redoutais mes gestes. Lui, le Myrtil, s'est arrêté – ou du moins, la photographie qui me reste me le montre ainsi: un moine accroupi, persévérant dans je ne sais quelle prière sauvage – sur le point de se défroquer, de s'acquitter d'un ultime mouvement. En ce monde de verdeurs innombrables et violentes, sa teinte fauve ne lui permettrait pas de s'occulter dans le décor. D'échapper au filet, au pied, au caillou.

Bien sûr, il n'était pas seul: Piérides, Moirés, Argus & autres lépidoptères m'ont entraînée sur des kilomètres, et je ne crois pas avoir éprouvé un tel moment de liberté depuis. J'ai passé une semaine à suivre les nuées de papillons, à enclencher avec passion mon appareil photo. Les images qui me restent ne sont rien en comparaison de toutes les possibilités poétiques de la métamorphose.

Ce ne sont pas tellement les papillons que je dois apprendre à reconnaître, mais l'humain que je suis à travers les stades de ma transformation.