19 janvier 2018 - flux et reflux d'idées dans la classe de Valérie Marchand
Premier séjour d'un après-midi. Train pour Rethel+bus pour Attigny. Les données du voyage sont réunies: déplacement, carte mentale & quelque chose de lourd à transporter d'un point à un autre. Le TER au départ de Reims est quasiment vide; en tout cas il le semble davantage que ma sacoche gonflée de carnets. Notes personnelles + celles destinées aux enfants, le tout à compulser sans distinction. Infiniment proche, dans sa configuration, du corps du serpent, le train va s'enfoncer dans les terres.
Pour ma part, je n'ai pas encore tellement travaillé sur l'animal matière-terre. Papillon et autres métamorphes ont requis mon attention. J'attends de voir se succéder dans mon champ de vision les plantations et les corps de ferme pour comprendre que je me dirige vers une sorte de lieu de naissance improbable – les Ardennes ne dansent pas derrière la vitre; elles émergent et surgissent, boivent la pluie et rejettent les eaux de l'Aisne en crue.
Cette terre, les enfants la connaissent à merveille. Ils ont déjà appris à la cultiver. Ils savent également ce que "culture" peut signifier à d'autres niveaux. Valérie a fourni à chacun d'entre eux un carnet de culture, dans lequel sont collées des images, relatés des ailleurs, éveillées des temporalités inhabituelles.
Mémoire. Parole. Je raconte Trielle, le Mexique, les animaux réels ou fantasmés. Les enfants ont le sens du merveilleux. Ils ouvrent totalement leurs espaces (dedans/dehors) aux papillons et aux serpents. Même Orphée remonté des Enfers ne les effraie pas, puisqu'eux aussi ont l'usage des productions et des créatures tirées des entrailles de la terre.
Les enfants mettent en avant, non seulement ce qu'ils savent, mais aussi ce qu'ils pressentent. Que la métamorphose les concerne en premier lieu ne pose aucun doute. Ils font état de leurs émotions, convoquent l'imagination, écrivent un poème à la volée et se lèvent pour le partager. Collectent intérieurement les sujets métamorphiques: personnages de contes, de dessins animés.
Tracent sur leur cahier les signes grecs qui composent le mot metamorphosis. C'est notre clef, et nous n'allons pas garder jalousement le trésor.
