Marionnettes en construction #6 – Un nouvel ami

Marionnettes en construction #6 – Un nouvel ami

Publié par Mélissa Rosingana

Journal du projet

L'histoire de Port de bouc

Un nouvel ami

C'est évidemment une histoire d'amitié mais aussi de foot, et ... pas que...

Ce projet marionnette était un peu différent des autres car il s'appuie sur des évènements qui se sont déroulés dans les années 60 à Port de Bouc, ma ville natale.

Le projet "La mer et le père" a justement puisé ses racines dans ce bain historique et culturel très fort pour moi.

La ville de Port de Bouc a émergé à partir d'une grande étendue presque désertique. Au départ il n'y avait que des marais et des champs. Puis on a tiré du sel des marais. Avec la mer si proche, la pêche s'est développée ; puis les bateaux pour aller pêcher du poisson toujours plus loin.  Pour transporter les hommes et d'autres denrées, on a construit des navires toujours plus gros. Nous voici donc à l'époque bénie des chantiers navals qui ont réellement permis l’essor de la ville.

Malheureusement après des années d’existence, les chantiers ont été menacés de fermeture. Malgré le combat acharné des travailleurs et des citoyens de la ville, ils n’ont pu empêcher cette perte définitive.

L’économie s’est, pendant un temps, effondrée ; les hommes ont perdu leur travail mais également leur identité sociale ! Beaucoup ont dû quitter la ville pour retrouver le même type d’emploi si spécifique !

Mon grand-père a eu de la chance, il a été embarqué pour construire des bacs de pétrole en Afrique et ailleurs dans le monde.

La ville s’est finalement développée de nouveau avec la pétrochimie, toujours grâce à la mer et à sa situation géographique favorable. Cela a marqué profondément des générations et la ville vit toujours un peu dans la nostalgie de ce temps béni.

 

Voilà ce que j’ai raconté aux élèves pour expliquer où était né ce projet « La mer et le père ».

 

Cette notion de transmission m’interrogeait bien en amont des ateliers qui sont proposés pendant la résidence.

Je me demandais comment transmettre cette histoire qui n’est finalement qu’une toile de fond pour décrire ce phénomène d’identité sociale qui me passionne. Et ce sont les enfants qui m’ont apporté la solution avec les marionnettes en premier lieu et notamment avec ce petit film !!

Ce sont eux qui ont choisi de se baser sur cette histoire pour la transporter ailleurs. Il y a un passage très intéressant entre cette région, cette histoire qu’ils ne connaissent que par mon point de vue !

Leur histoire est d’ailleurs légère et avec une fin heureuse … Mais elle a ouvert dans ma propre recherche une toute nouvelle fenêtre et je les en remercie tout particulièrement !

La fabrication

Un groupe exclusivement composé de garçons (CM1/CM2) – qu’est-ce que c’est difficile !!!!... Pffff je plaisante !!!

Oui, les avoir seuls dans mon atelier n’a pas toujours été facile mais alors qu’est-ce que c’était chouette !

Puis quand on les stimule autant, on comprend qu'il n'est pas facile de les canaliser par la suite !

Ces ateliers en petits groupes ont permis de libérer la parole des élèves. Ils se sont confiés, ont échangé sur des sujets très divers parfois tabous car il n’y a pas d’espace possible dans l’école pour certains sujets. Parfois directement et parfois au travers de leur marionnettes en construction. Une tête, un vêtement pouvait servir à « jouer » et à dire ce qu’ils avaient sur le cœur !

J’admire toujours autant ce pouvoir de médiateur / auxiliaire de la marionnette. Elle est passeuse de secrets, de réflexions intimes et universelles à la fois. Tout à fait ce que je voulais transmettre en l’emmenant dans mes valises au sein de l’école !

Aussi nous avons travaillé dur sur les éléments de décors, les phases de transitions en ombres chinoises… qui ont donné l’occasion aux enfants de scier, percer, utiliser des ciseaux à bois, « faussement » souder à l’arc -  que d’effets spéciaux pour cette production !!

Je remercie tout particulièrement le papa de Taïrone, Sébastien qui a peint une partie de nos décors !

Les décors