Quelques échantillons récoltés

Un échantillon du lieu pour rêver

Publié par Chloé Mariey

Journal du projet

Semaine du 29 mars

Sacraliser un petit bout de rien du tout


Lors de la découverte du lieu d'étude, nous avons invité chaque élève à choisir avec attention un petit échantillon de quelque chose qu'ils ont retrouvé à plusieurs endroits sur le lieu et qu'ils appréciaient pour une raison qui leur est propre. Récolté et placé dans une éprouvette fermée par un bouchon de liège, l'échantillon de chaque enfant a été précieusement conservé en classe à la manière d'un scientifique qui garderait une matière rare et précieuse.

Laisser filer l'imaginaire de chaque enfant


Une fois leur échantillon observé avec attention, les enfants doivent fermer les yeux et laisser leur imaginaire s'exprimer. Quelle est l'histoire de celui-ci ? D'où vient-il ? Comment est-il arrivé là ? Pourquoi ? Où va-t-il aller ensuite ? Pourquoi a-t-il cette forme ? Cette couleur ? Cette texture ? Ecrire l'histoire ce son échantillon permet de se l'approprier plus clairement : les histoires des enfants ne se ressemblent pas et parlent clairement de leur vision du monde, de leur environnement et leur sensibilité.

Un enfant rêve en inventant l'histoire de son échantillon.
Un enfant rêve en inventant l'histoire de son échantillon.

Schématiser pour garder l'essentiel


Découvert aussi lors du plan, les enfants réalisent d'eux-même des motifs, des « formes qui se répètent » pour représenter un élément identique. Ils ont observé, gardé un souvenir d'une forme puis l'ont schématisé d'eux-même pour la dessiner plus facilement. L'herbe est représentée par une série de petits bâtons verticaux, les champs des lignes parallèles incurvées, les chemins des petits ronds. Des techniques de remplissage, hachures, aplats ou quadrillage remplacent parfois un motif. En multipliant au feutre noir le motif qui correspond à leur échantillon, les enfants créent de nouvelles formes, modifient leurs motifs : la multiplication d'une pétale de fleur réalise des cercles concentriques, une herbe s'agrandit au cours de la répétition, créant des jeux d'échelle, le motif d'une coquille d'escargot s'est simplifié à force d'être reproduite. Quand ils sont répétés, les motifs varient dans l'échelle, dans la manière de les faire.

Jeux d'échelles

Au moment de positionner sa propre silhouette (photographies des enfants réalisées par nos soins puis imprimées à différentes échelles) dans sa maquette, chaque enfant s'est replacé dans l'environnement qu'il a appréhendé in-situ et qu'il a reconstitué à sa manière à plus petite échelle. Une nouvelle dimension s'ajoute à la maquette : il s'agit de se projeter soi-même dans ce que l'on vient d'imaginer, de se demander quelle taille a-t-on en regard d'un arbre ou d'une église. De la même manière, ce jeu s'opère dans l'exercice de photomontage. Munies d'un appareil photo, nous sommes retournées dans les lieux d'étude pour photographier de près les échantillons choisis par les enfants. De retour en classe, nous leur avons proposé de placer leurs propres silhouettes sur cette photographie. Comme dans un film de science-fiction, les enfants ont rapetissé, ils ont la taille de leur pétale, assis dessus, allongés sur la plume qu'ils ont récolté, ou en équilibre sur la tige d'une jeune pousse. Les enfants s'amusent beaucoup à se mettre en scène dans le lieu par l'intermédiaire de cette photographie. Ils s'échangent leurs silhouettes pour intégrer dans leur histoire leurs camarades de classe. Chacun s'est raconté une histoire, un cheminement entre les différentes silhouettes.

Le motif de la plume se transforme au fur et à mesure que l'enfant le répète.
Le motif de la plume se transforme au fur et à mesure que l'enfant le répète.