Guyane Ouest.

Javouhey, le contexte.

Publié par Alex Lambert

Journal du projet
Architecture Arts visuels Installation Illustration, Ecologie, Construction

Le pays des arbres est vaste et grand, toute proportion gardée, comme le département de la gironde. Il se compose principalement de forêts, et la plupart des grandes villes se situent sur la côte. Ici, l'orientation s'organise selon trois axes ; L'est, en direction du Brésil, l'Ouest vers le Suriname et l'axe Nord, qui est celui des fleuves qui partent dans la jungle. Deux fleuves frontières encadrent la région, le Maroni à l'Ouest et l'Oyapock à l'est. Une fois les repères géographiques posés, nous commençons notre histoire à proximité de Saint-Laurent-du-Maroni, la "grande ville" de l'Ouest.

En arrivant en Guyane, il se passe dans la matière grise quelques connexions inspirées des livres, films, discussions, recherche que chacun peut faire avant de partir dans un endroit qu'il ne connaît pas. Alors, dans ces connexions cérébrales, nous retrouvons un tas de notions qui dresse un tableau innocent, parfois naïf et curieux, d'un département français situé de l'autre côté de l'Océan, en Amérique du Sud. Très vite, ces notions abstraites assimilées avant le départ fusionnent avec les nouvelles connaissances en cours d'acquisition. Mais avant de partir dans le récit d'anecdotes qui pimentent ces récits, attardons nous sur le cas de Javouhey, le lieu où se déroule la création en cours.

Javouhey est un village situé entre Mana et Saint-Laurent-du-Maroni qui fait partie de la commune de Mana. Pourtant, ces deux villes sont éloignées d'une trentaine de bornes. La commune de Mana prend en compte ; elle-même donc, "la route" qui désigne tous les habitats se trouvant le long de La seule route (DN8) qui relie les villages ensembles. Puis il y’a "Charvein", habité en grande partie par la communauté Bushinengué (et davantage Ndjuka). Plus haut, nous trouvons le village de l'acarouany, ancien sanatorium aujourd'hui habité par une autre communauté Bushi, et enfin Javouhey, fondé et construit principalement par la communauté Hmong. Pour le rapport d'échelle, pas forcément simple à estimer entre les habitants "officieux et officiels", SLM compte environ 20 et 50.000 habitant, Mana 1.000, charvein 2.600 et Javouhey 1.600, ce sont ces petites villes qui font le tissu humain et social d'une partie de l'environnement ouest Guyanais, celui de la "côte".

downtown

La communauté Hmong arrive sur le territoire Guyanais en 1976 suite à une décision diplomatique de l'état français, alors sous VGE à l'époque, pour accueillir une partie de la communauté Hmong qui participa aux guerres françaises en Asie (Indochine, Vietnam, Laos). L'état français proposa aux communauté Hmong des terres exploitables dans le cadre du “plan vert” destiné à relancer l'agriculture locale du territoire ultra-marin Guyanais. Suite à ça, deux villages se créent ex-nihilo : Cacao à l'Est et ensuite Javouhey à l'ouest. À l'époque, le peuple Hmong arrive dans des terres en Jungle, vierge d'infrastructure et d'aménagement. Le village s'installe près de la rivière l'Acarouany et défriche nombre d'hectares aux alentours afin de cultiver, de subvenir à ses besoins et de vendre aux différents marchés du département. Puis les maisons sont construites, ainsi que les infrastructures nécessaires à un village (eau, électricité, réseaux, routes, pistes, établissement scolaire et médical). L'activité de la population est ici principalement maraîchère. Elle est rendue possible par une force de travail conséquente, par une communauté forte, des aides européennes à l'agriculture importantes, et la proximité de grandes villes (SLM & Cayenne). Sans revenir en détail sur l'histoire Hmong, que je ne connais pas, mais sans aucun doute, il s'agit d'un pan entier des récits extrême-orientaux avec des racines actuelles dans le monde entier. Cette "histoire" est à l'origine de Javouhey et elle donne à l'environnement local, physique ou culturel, une identité spécifique. Par exemple, les habitats sont un mélange entre la construction locale et laotienne, que j'ai eu plaisir à observer durant de précédents voyages en Asie. On rencontre des maisons en bois sur pilotis, rudimentaires dans leur construction mais solides dans leur usage, c'est une toute autre expérience que de vivre dans ces maisons. J’habite l’une d'entre elles, en face de la rivière, à l'heure ou j'écris ces lignes.

Le village de Javouhey existe au travers de ces habitations, et de plusieurs choses : 3 épiceries, une mairie, 2 restaurants Hmong ouvert le weekend et un autre ouvert la semaine, un marché le dimanche, un atelier communal pour les services techniques de la ville, une église catholique, une église évangélique, un dispensaire, des terrains de sport - où on note une grosse pratique de la pétanque - et une guinguette ouverte le weekend. Enfin, il y a un collège et deux écoles : "Tchi-tsou" et juste accolé à celle-ci, le groupe scolaire "Anne-Marie de Marchadour". C'est dans cette dernière que va exister l'incroyable histoire des Appréhendex de 2076.

Les dome