"Carroyage national des Cross", document d'archive, février 2021

RECHERCHE - À la découverte du terrain

Publié par Juliette Chartier

Cinéma et audiovisuel Documentaire sonore

En parallèle de notre projet de transmission avec les enfants de Kérandon, nous avançons sur notre projet de documentaire sonore.

Empêchées par le deuxième confinement de novembre, nous pouvons enfin aller “sur le terrain” au mois de février.

Nous nous rendons au Conquet, point de départ de notre projet. Nous découvrons un paysage de bout du monde. Un arc-en-ciel nous attend au bout du chemin. Le cinquième depuis la veille, il en pleut partout.

Nous rencontrons un ancien opérateur de la radio maritime Radio Conquet.

Il nous raconte l’histoire de la radio qu’il a rejoint en 1968. Il a beaucoup d’informations à nous livrer sur l’histoire de la radio, ses évolutions. Certaines anecdotes nous marquent : les archives des correspondances détruites tous les six mois - des morceaux de télégrammes se trouvaient alors essaimés dans les champs et sur les plages -, les “radios caddies” du pays bigouden (émetteurs que les femmes de marins plaçaient dans leur caddie pour rester en permanence à l’écoute des vacations), les sit-ins des femmes de marins à la station de radio, les différents messages de vie annonçant autant des deuils, accidents, que des naissances, mariages, baptême..

Nous nous posons la question des archives : comment les retrouver ? Et sinon, comment les mettre en son ? L’ancien opérateur nous met sur la piste du Finistère Sud pour trouver des personnages pour notre projet de création.

Le Conquet, février 2021
Le Conquet, février 2021

Fortes de cette piste, nous décidons alors de nous rendre à Douarnenez pour aller à la rencontre de cette ville portuaire dont l’histoire a été marquée par ses liens forts avec la vie maritime.

Tout de suite, nous faisons plusieurs rencontres riches pour notre projet : un historien douarneniste dont le père était pêcheur sur un "mauritanien" (bateau chargé d'aller pêcher la langouste sur le large de la Mauritanie) ; une chargée culturelle, femme de marin également, un passionné des radios de télécommunication maritime qui a des heures de trésor sonore à nous faire écouter, des bretons amoureux-ses de leur langue qui nous donne de précieux contacts… Malgré, ces rencontres fortes, et alors que nous sommes à Douarnenez pendant la période des "Gras", le carnaval local, les bars et lieux de vie nous manquent.

Nous nous faisons plusieurs fois la réflexion : comment aller à la rencontre de l’autre si ces lieux là n’existent plus ? Comment faire du documentaire en laissant l’imprévu faire rencontre si le dehors ne le permet plus ?

Malgré ces interrogations, nous nous rendons compte qu’il y a des terres que l’on sent propices au partage. Depuis que nous sommes là, on nous le dit souvent : “ici les gens ont à coeur de partager leur mémoire, l’histoire de leur ville.”

Pour ce projet, l’appui de ces contacts sur place est particulièrement important. Évidemment comme dans tout travail documentaire, il faut des liens forts avec les personnes qui habitent et connaissent le territoire. Mais ici, c’est d’autant plus primordial que la question des femmes de marins est fortement liée à une histoire intime, sous-jacente, où la parole est peu prise et où le coup de projecteur est toujours sur l’à-côté, les hommes.

Des débuts prometteurs donc et plein de rencontres dans les poches. Nous avons hâte de revenir. 

Le "Port-Rhu" de Douarnenez, février 2021
Le "Port-Rhu" de Douarnenez, février 2021