Le château d'eau de l'ogre, St Omer ( lieux inspirations)

Ogres & mélancolie

Publié par Olivia Barron

Journal du projet

Ma vie d'ogre

Cette semaine, j’ai proposé aux enfants de travailler à partir d’une esquisse de scène pour Ma vie d’ogre, afin de « tester » mon écriture auprès du jeune public. Dans cette séquence, l’ogre, en pleine crise de nerfs, accable de reproches sa mère par téléphone, se livrant à son éternel chantage affectif. Ecoeuré par des enfants qu’il juge dégoutants et insipides, il tente de soutirer quelques euros à sa mère. Mais rien, ni ses larmes ni ses gémissements, ne sauront amadouer sa chère maman ! Cette dernière connaît les excès de sa progéniture, et raccroche précipitamment, échaudée par ce lamento téléphonique.

C’est la première fois que j’entends cette scène, qui n’est autre qu’une esquisse, à voix haute et lue par des enfants ! Cela me permet d’en éprouver les longueurs, le rythme, la langue. Je ne sais pas encore si ma pièce sera à destination du jeune public, c’est important pour moi d’observer les réactions des enfants, ce qui les amuse. Le fait qu’ils comprennent rapidement la situation me rassure, car j’avais peur que le texte soit trop compliqué. Certaines répliques de l’ogre, surtout les plus triviales, comme « les crottes de chiens qui parsèment les chemins de traverses » ou « dans cette ville grisâtre volent des pigeons débiles », remportent de beaux éclats de rire ! Le personnage du fou, trublion provocateur, séduit les plus rebelles, qui se reconnaissent peut-être un peu en lui. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à me le signaler: «  Le fou c’est moi ! ». Peu à peu grandit en moi l’envie d’écrire peut-être deux versions de Ma vie d’ogre, dont l’une serait spécialement destinée au jeune public.

Lieux, inspirations

Ici, les lieux de Ma vie d’ogre s’étoffent peu à peu, inspirés par les paysages brumeux du Pas-de-Calais. Mon ogre habitera dans un château d’eau ou une éolienne, perché sur ses hauteurs vertigineuses. Un ronron d’hélice viendra marteler les heures passées à déprimer en contemplant l’horizon. Depuis longtemps, les mouvements d’éoliennes me fascinent, hypnotiques, graphiques. En Allemagne, il arrive que certaines éoliennes géantes s’embrasent, menaçant de cracher des boules de feu à plusieurs kilomètres, comme des dragons ! Il y aussi ce livre de Jean Echenoz que je viens de lire, Envoyée spéciale, où une jeune femme est cachée, prise en otage, dans une cabine d’éolienne. Ce livre m’inspire par son format d’enquête décalé, loin du polar classique. Lors de mes repérages, j’ai aussi été attirée par un magnifique château d’eau qui borde Saint-Omer, du côté du jardin public. Un château circulaire où l’on tourne en rond, où l’on s’ennuie sec, sans eau ni vin. Cela pourrait être une autre tanière intéressante pour mon ogre moribond.

paysage maritime, Le Touquet ( lieux inspirations)
paysage maritime, Le Touquet ( lieux inspirations)
Château d'Hardelot ( lieux inspirations)
Château d'Hardelot ( lieux inspirations)

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