Dans le cadre du programme « Création en cours », j’aimerais poursuivre l’écriture de Ma vie d’ogre, une pièce de théâtre sur un ogre très déprimé, écoeuré par la vue des enfants les plus alléchants. La pièce s’inspire de l’univers du conte mais plante son décor dans une réalité bien contemporaine, celle d’une banlieue lointaine trouée de champs d’éoliennes et de tours en forme de zigzag, paysage propice aux hallucinations. Je souhaite finaliser l’écriture de cette pièce in situ, en résidence dans un établissement scolaire, si possible pour une durée de deux mois, afin de m’inspirer directement de la parole et de l’imaginaire des enfants. Cette immersion va me permettre d’apporter un versant documentaire à mon travail et d’inventer des personnages inspirés du réel. Tout cela grâce aux interactions créées lors d’ateliers de jeu, d’écriture et de création. Résumé de « Ma vie d’ogre » Dans une banlieue lointaine, un ogre déprimé vit reclus dans son appartement. Seul un fou l’accompagne nuit et jour et tente de le divertir, tel un bouffon avec son roi. L’ogre a perdu le goût de la vie, il n’aime plus du tout manger les petits enfants. Leur odeur sucrée, leurs dents pleines de caries, leurs cris stridents, tout l’indispose et le révulse chez ces créatures monstrueuses. L’ogre pleurniche à longueur de journée en écoutant de la musique de variété, il s’alimente uniquement de bâtonnets de surimi à la chair ferme. Il se désole de ne trouver l’ogresse de ses rêves, navigue en vain sur les sites de rencontres, mais aucune n’a de belles petites dents pointues ! Blafard, famélique, l’ogre dépérit de jour en jour… C’en est trop ! Le fou décide de traiter le mal par le mal, il propose à l’ogre de partir à la rencontre des jeunes de France. Sauront-ils lui redonner l’appétit ?
Ce projet d’écriture est né de ma fascination pour l’oeuvre du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, qui dissémine dans ses univers ultra-réalistes des figures du folklore comme les trolls ou les démons, métaphore de désirs troubles qui hantent ses personnages. Ma vie d’ogre entend mêler le théâtre au conte et à l’autobiographie, basculant du tragique au grotesque, du réel au fantastique. Après avoir collecté de nombreux matériaux (récits, films, œuvres d’art), je souhaite explorer cette figure archétypale de l’ogre sous un prisme plus intime : celui de la mélancolie, de la folie et du passage à l’âge adulte. Ainsi, la pièce se déclinera sous forme de tableaux autobiographiques, révélant par bribes les souvenirs de l’ogre, flash back du passé. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est de restituer la vie intime de ce personnage, un paysage intérieur où se croise des nains harceleurs, des crocodiles-bonimenteurs les yeux pleins de larmes à force de raconter des bobards, mais aussi des enfants bien trop adultes. Selon Alfred Adler, le conte est avant tout « cette source où tous tant que nous sommes nous puisons d’abord la connaissance de l’être humain ». Ma vie d’ogre s’écrira donc comme un véritable parcours initiatique.
Pas-de-Calais
Par le(s) artiste(s)