L' ogre appelle sa maman pour lui confier qu'il n'aime plus manger les enfants

Etre ou ne pas être un ogre?

Publié par Olivia Barron

Journal du projet

En écriture puis en jeu, nous plongeons dans cette tristesse des ogres, leur mélancolie. Pour la psychanalyse, (La psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim) la figure de l’ogre représente le petit enfant vorace et tout puissant, accroché au sein de sa mère. Mon ogre est de ce type, régressif et insatiable, toujours mécontent et plaintif. Il n’aime plus le goût des enfants, mais ignore d’où lui vient ce dégout. Pour tenter de répondre à cette question, j’invoque l’imaginaire des enfants en leur proposant de réécrire l’une des scènes de Ma vie d’ogre. Dans celle-ci, l’ogre appelle sa maman pour lui avouer qu’il n’aime plus manger les enfants, et avance des arguments saugrenus pour légitimer son nouveau mode de vie végétarien !

Confession d’un ogre repenti

Chacun écrit son propre monologue d’ogre. Nous découvrons ensuite les textes sur le plateau, au cours de sessions d’improvisations. Le canevas que je propose aux enfants est le suivant : agité par de terribles cauchemars, persuadé que des enfants lui dévorent les doigts de pieds, l’ogre se réveille en pleine nuit le front baigné de sueur. Eprouvé, il décide d’appeler sa maman pour lui annoncer l’irréversible : la fin de sa carrière d’ogre. Les arguments inventés par les enfants sont variés et surprenants, très inspirants. Un ogrelet s’est découvert une passion nouvelle pour le chant, préférant les vocalises au goût des enfants. Un autre tente de maigrir et entame un régime à base de chewing-gum, lassé par ses kilos superflus. Un d'entre eux, particulièrement craintif, est convaincu que les enfants peuvent le décerveler (en faisant passer son cerveau par son oreille), lui ôtant ainsi tous ses souvenirs, ce qui l’a refroidi. Un autre s’est pris de passion pour les légumes, qu’il cultive dans son jardin, et rêve de devenir un grand chef étoilé. Un ogrelet appelle sa mère pour lui raconter que depuis l’explosion de la centrale de Tchernobyl les enfants, radioactifs, ont un goût acide et les membres déformés (des pieds de plus de 10m de longs), ce qui l’inquiète. Enfin, une petite fille remarque qu’ils ont un goût de médicament, d’antibiotique et sont souvent très sales… (de la crasse se niche sous leurs ongles). Chacun y va de ses raisons, ponctuant cet appel de larmes ou de cris de joie, exalté à l’idée de débuter une nouvelle vie.

L' ogre furieux
L' ogre furieux
Le réveil de l'ogre (1)
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