Les loups tentent d'enfiler la robe de chambre de la grand-mère...

Loup y es-tu ?

Publié par Olivia Barron

Journal du projet

Les monologues intérieurs

Lors de la deuxième séance, nous poursuivons notre recherche sur Le Petit Chaperon rouge en abordant la question du temps au théâtre, le suspense, mais aussi les états émotionnels des personnages. Je propose aux enfants d’imaginer qu’ils sont des spaghettis condamnés à être jetés dans une grande casserole d’eau bouillonnante, cela pour commencer à ressentir l’état qui domine dans le conte : la peur. C’est une double recherche, mêlant la terreur et raideur, rigidité et détresse, tensions contradictoires. Certains spaghettis empruntent des mines désolées, tragiques, leurs regards implorants me parviennent, suppliants. Une fois dans la casserole, les pieds se mettent à fondre, le corps ramollit, le regard devient vide et flottant, impuissant. A chaud, nous travaillons aussi sur les monologues écrits par les élèves, je suis attentive à l’état émotionnel qui émane de ce récit à la première personne. Intuitivement, ils choisissent des personnages qui leur ressemblent. C’est un choix radical et très attendrissant pour moi. Certains chaperons sont inquiets, d’autres, imprudents, se risquent à faire du loup leur meilleur ami. D’autres râlent, furieux de devoir encore aller chez leur grand-mère, d’autres, surexcités, se roulent dans un moelleux tapis de mousse des bois. Je demande à l’enfant de me lire son monologue puis nous travaillons sans le texte en main, en précisant peu à peu la couleur, l’état émotionnel de son personnage, à partir de quelques phrases. J’essaie de les aider à ouvrir leurs voix, à exprimer quelque chose de l’état de leurs personnages à partir de leurs corps, de leurs mouvements, sans composer.

 

Les âges de la vie

Puis, nous explorons les âges de la vie, le passage du corps du nourrisson à celui de l’enfant, de l’adolescent, puis l’âge adulte et la vieillesse. Nous observons les postures, les expressions, la manière dont le corps ralentit, décélère avec l’arrivée de la vieillesse. Enfin, je propose aux enfants d’improviser la scène où le loup se déguise en grand-mère, mise en abyme du théâtre dans le théâtre. L’idée est de montrer aux enfants la manière dont le loup, en véritable acteur, décide de jouer un rôle, celui de la grand-mère, pour tromper le petit chaperon et le dévorer. Mais le loup va-t-il réussir à jouer correctement ce rôle de composition ? Réussira-t-il à enfiler la robe de chambre correctement ? Sur le plateau, je guide les acteurs de manière à ce que la scène s’étire de façon grotesque. Les loups n’arrivent pas à enfiler leurs robes de chambres, le parfum au patchouli de la grand-mère provoque des allergies, ils se grattent et sont rendus myopes par les lunettes de la grand-mère. Trouver les ressorts comiques, imaginer des péripéties qui perturbent le bon déroulement de l’action, c’est tout cela qui s’improvise sur le plateau, créant le suspense et le comique souhaités.

... puis s'impatientent.
... puis s'impatientent.
Deux loups font mine d'être la grand-mère assoupie.
Deux loups font mine d'être la grand-mère assoupie.