C’est dans le Pas-de Calais, à Arques, ville célèbre pour sa cristallerie, que vais mener ma résidence d’écriture autour de Ma vie d’ogre, une pièce sur un ogre mélancolique, écœuré à la vue du plus alléchant des enfants. Marquée par les récits de mon grand-père, sauveteur en mer à Boulogne-sur-mer, je souhaitais inscrire mon projet au cœur de ce territoire au caractère fort, unique. Le Nord m’intéresse pour sa culture, son patois, son folklore traversé par des histoires d’ogres et de géants. Le grotesque, porté par de nombreux carnavals, s’enracine dans ces contrées de brique rouge, moins austères qu’elles n'y paraissent. Pour planter mon décor, je m’inspirerai des paysages, des dunes, des bunkers, des anciennes sucreries, des éoliennes, tout un environnement propice aux décalages, aux vents contraires, aux hallucinations. Mon ogre sillonnera ces plages d’hiver, ces parcs nautiques, ces bars à marins, habitera peut-être un château d’eau ou sera pourquoi pas un ogre suburbain, de lotissement périphérique. Il y a aussi ici des lumières pâles, aveuglantes, des odeurs d’usine, des forêts sombres idéales où s’égarer, des bébés mouettes qui swinguent sur la plage. C’est ce croisement improbable entre un paysage maritime très délicat et le tissu urbain industriel dont je souhaite m’inspirer directement pour l’écriture de Ma vie d’ogre .