Démarrer à distance ?

Publié par Julie Escoriza

Journal du projet
Arts plastiques Livre Illustration

Lorsque nous apprenons la fermeture des écoles mi-mars, puis le début du confinement, Sandrine (l'institutrice) et moi, sommes un peu sonnées. La nouvelle tombe quelques jours avant mon départ à Réauville, où je devais passer une semaine. Ce deuxième séjour devait être le moment où nous démarrions réellement le projet, où nous entrions dans le vif du sujet. Mais après un petit temps d'adaptation, un nouveau système de travail à distance se met progressivement en place : cette situation va durer un moment, alors pourquoi ne pas démarrer le projet depuis chez nous ?

C'est donc depuis la maison que nous entamons le premier « atelier des formes », divisé en deux étapes : Un premier atelier d'observation, où l'idée est de repérer dans les objets qui les entourent différentes formes basiques : ronds, carrés, rectangles, triangles.... Du plus grand au plus petit objet, en choisissant bien son angle de vue, on peut presque toujours déceler une forme géométrique. Elles sont partout ! Les enfants entament avec ce premier temps d'observation une liste d'objets, classés par formes.... Une première occasion de « regarder différemment » ce qui les entoure. 

Dans un deuxième temps, je les invite à réaliser le processus inverse : partir de la forme pour imaginer des images. À partir d'une petite collection de formes de différentes tailles découpées dans du papier de couleur (ou dessiné au feutre), l'idée est de dessiner un objet ou une scène. Je propose différents outils, dans un ordre de priorité pour me renseigner en même temps sur le matériel dont chacun dispose. 

En travaillant sur la rédaction de cet atelier, je prends encore plus conscience des difficultés rencontrées aujourd'hui par les enseignants. Présenter un travail à distance est un vrai défi : je ne serais pas là pour répondre à leur questions lorsqu'ils découvriront l'énoncé. Vont-ils réussir à se projeter ? Comment « montrer » sans trop dévoiler ? 

Et bien sûr, de nouvelles problématique se dessinent : ont-ils tous les moyens de faire un atelier depuis chez eux ? Certains enfants seront-ils pénalisés, par manque de matériel ou de suivi ?
Quelle place aura cette activité pour eux, la considéreront-ils comme un temps à part, une expérience différente, comme je le souhaiterais, ou la verront-ils comme un exercice du programme scolaire ?

Démarrer le projet de cette façon a-t'il vraiment du sens ? 

Au téléphone, je partage mes questionnements avec Sandrine qui me rassure. Elle échange presque tous les jours avec ses élèves qui sont tous dans des conditions correctes pour travailler, elle connait aussi leur difficultés et est à leur écoute. Après tout, c'est une nouvelle expérience de travail, nous sommes toutes les deux curieuses d'en voir les résultats. 

J'enregistre une petite vidéo pour proposer l'atelier aux enfants et me présenter aux parents. J'envoie mes coordonnées pour que nous puissions échanger et j'insiste sur le caractère facultatif de l'atelier : le but est avant tout de prendre plaisir à le faire. Et d'ailleurs, pourquoi ne pas en profiter pour le réaliser en famille ? 

J'attends donc avec impatience les résultat de cette première petite expérience à distance. 

Capture d'écran de la vidéo de présentation de l'atelier
Capture d'écran de la vidéo de présentation de l'atelier envoyée aux enfants.