Début juin, je m'installe enfin dans la Drôme, prête pour passer un mois en compagnie des élèves de l'école de Réauville.
Avec le protocole sanitaire, je ne peux malheureusement pas intervenir dans la classe en même temps que Sandrine (l'enseignante). Nous avons donc décidé de travailler en demi-groupe : chaque matin, un groupe est en classe avec Sandrine, pendant que l'autre est avec moi, et à midi, nous échangeons. Me voilà partie, et pour quelques temps, dans ce tout nouveau rythme de travail ! Mais je me sens extrêmement chanceuse de retrouver cette petite classe au complet. Quel bonheur de découvrir la motivation débordante des enfants, qui eux aussi sont bien contents de retrouver l'école et leurs camarades. Cette organisation bien particulière est finalement très positive pour la réalisation du projet : quoi de mieux que de travailler en petit groupe de 6 ou 7, avec tout un mois devant nous... ?
Avoir du temps me permet de vraiment détailler chaque étape du projet. Notre objectif : créer un livre illustré. Oui mais un livre, c'est quoi au juste ? Comment on fait ? Les premiers jours, nous tentons de débroussailler un peu tout ça, et les enfants prennent progressivement consciences de toutes les étapes que nous allons traverser ensemble.
Pour garder une trace de nos échanges, je leur ai préparé des petits carnets de bords. Chacun est libre d'y écrire ce qu'il veut : mots clés, idées, dessins, choses qu'il a aimé ou ce dont il veut se souvenir. Bien sûr, à la fin de chaque journée, je jette œil sur ce qui a été noté... Ces supports me permettent de découvrir leur point de vue sur le projet, tout du long... Et on y trouve de petites pépites !
La première étape est donc de trouver une histoire. Une idée. Les enfants sont un peu perplexes... par où commencer ? Je leur propose d'afficher dans la classe toutes les images qui ont été produites pendant le confinement, pour faire le point. Très vite, notre petite salle déborde de dessins. Chacun présente fièrement son travail, et progressivement, les enfants prennent conscience de toutes les idées qu'ils ont déjà... voilà, la base de notre livre.
Nous énumérons les idées trouvées pendant le confinement, en les classant par forme. Ces listes nous servent ensuite de base pour commencer à produire de petits textes, qui mettent en contexte chaque idée. La mise en commun est une bonne chose : elle met "à égalité" les élèves car certains n'avaient pas réalisé d'ateliers pendant le confinement. À chaque fois qu'un texte est prêt, nous l'accrochons au tableau qui se remplit au fur et à mesure... Je suis contente de cette méthode car chacun avance à son rythme, et je peux passer du temps auprès de ceux moins à l'aise avec l'écriture, notamment dans le groupe des CP.
Pour réaliser les images, je leur propose de travailler uniquement en deux couleurs (orange et bleu) que nous séparons en deux calques. Pour démarrer, nous prenons un temps pour expérimenter le dessin sur les feuilles transparentes que nous allons utiliser, et tester différents outils. Je suis très amusée de les voir s'extasier devant les résultats obtenus : « C'est comme un laboratoire de recherche de textures ! ».
Lorsque nous passons à l'illustration des textes, je les incite à utiliser ces mêmes techniques. Mais le passage à la réalisation d'une image « au propre » les impressionne, et certains reviennent très vite à des outils plus habituels, tels que le feutre, comme "pour se rassurer".
Pour les pousser à expérimenter, je les mets au défi d'utiliser une technique différente pour chaque image réalisée. Cette contrainte improvisée marche plutôt bien et ils oublient vite leur appréhension.
Comme précédemment, nous travaillons en partageant toutes les idées. Un texte écrit par un élève est ainsi illustré par un autre. Cette mise en commun n'est pas forcément évidente pour tout le monde, mais ils finissent par se prêter au jeu. Notre salle se remplit progressivement de dessins très variés (et parfois très farfelus) et je me réjouie de les voir aussi motivés !
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.