Élève en train de découvrir le calame – 3 avril 2017.

Charroux : une branche s’étend

Publié par Mário Vinícius Ribeiro Goncalves

Compte rendu des interventions conduites au Collège Romain Rolland de Charroux.

I

Comme fixé lors des réunions préparatoires concernant cette résidence, une branche de celle-ci serait étendue en « mode satellite » à une classe de 6ème du Collège Romain Rolland de Charroux : destin courant des élèves de l’École Primaire de Saint-Romain après le CM2. Ce prolongement a officiellement commencé le 27 mars 2017, où j’y ai conduit ma première intervention. Sous la médiation de Mme. Estelle Kieffer, la professeure d’art plastique du Collège Romain Rolland de Charroux, nous avons consacré la première séance pour que je me présente et parle de ma pratique artistique et de ses spécificités. À la fin de la séance, j’ai répondu quelques questions que les élèves avaient préparé au préalable concernant tant le métier d’artiste en général que ma pratique individuelle.

II

À partir de la deuxième séance, du 3 avril 2017, nous avons mis en œuvre l’activité de pratique artistique elle-même. Contrairement à ce qui s’est passé à Saint-Romain, nous avons pu commencer le travail comptant déjà des outils spécifiquement commandés pour cette résidence (notamment les plumes carrées et les feutres-pinceaux). À ce sujet, Mme. Kieffer a pris le soin de fabriquer des calames, ce qui a enrichit l’éventail et la diversité historique des outils disponibles.

Tout comme à Saint-Romain, cette première séance pratique a été plutôt consacrée à la découverte des outils d’écriture et dessin des lettres. À cet effet, les élèves se sont servi initialement des modèles fondateurs de calligraphie que j’avais présélectionné, mais à partir du moment où nous avons constaté que plusieurs élèves essayaient de les suivre fidèlement (ce qui n’est pas le parti pris de cette résidence), nous avons décidé de « cacher » ces modèles.

Des méthodes semblables à ceux choisis pour l’École Primaire Publique de Saint-Romain ont été adoptées : l’utilisation de pangrammes (phrases contenant toutes les lettres de l’alphabet), le travail sur les motifs basiques qui permettent la maitrise de la manipulation de la plume et leur conséquente utilisation en tant qu’éléments actifs de la composition, l’usage de couleurs et dégradés obtenus en mélangeant les encres et l’exploration des différentes échelles que l’on obtient en changeant la largeur des plumes. Pour conférer plus d’originalité aux lettres dessinées après l’abandon des modèles, les élèves ont été motivés à faire toute sorte d’expérimentation : l’ajout d’ombres et de volumes dans le lettres, de contours, de mouvements inhabituels pour dessiner les lettres, l’introduction d’ornements variés …

Proposition d’alphabet où plusieurs parti pris définitifs sont déjà présents, comme l’ondulation des courbes des lettres, la nature de leur contraste et l’utilisation d’ombres ornementales. Outil utilisé : plumes carrées – 10 avril 2017.
Proposition d’alphabet où plusieurs parti pris définitifs sont déjà présents, comme l’ondulation des courbes des lettres, la nature de leur contraste et l’utilisation d’ombres ornementales. Outil utilisé : plumes carrées – 10 avril 2017.

III

Pour la troisième et la quatrième séances au Collège de Charroux, nous avons mis en place un atelier plus dirigé de dessin des lettres. Puisqu’à Charroux je conduis moins d’interventions qu’à Saint-Romain, il fallait avancer plus rapidement. En plus, une fois qu’il s’agit ici d’un « satellite » de la résidence principale, ce n’était pas envisageable de créer une police de caractères par élève de cette classe de 6ème dans le temps disponible. Ainsi, moi et Mme. Kieffer nous sommes mis d’accord pour diviser les élèves en cinq groupes, censés produire collectivement les dessins de lettres et signes nécessaires dans une police de caractères. Les élèves ont donc essayé de synthétiser leurs expérimentations précédentes sous la forme d’une proposition définitive en groupe. Pour rendre leurs dessins plus stables en ce qui concerne leur proportion, cette fois-ci les élèves se sont servis de gabarits et du traçage de repères

À ce moment-là, une opportunité précieuse s’est présentée : les élèves de cette classe sont en train de créer, dans le cadre d’un projet pluridisciplinaire, une édition d’un bestiaire, qui devra paraître à la fin de l’année scolaire. Nous avons trouvé très enrichissante l’idée d’utiliser les cinq polices de caractères créées à partir du travail des groupes d’élèves dans la mise en pages de cette édition, ce qui lui apportera encore plus de personnalité. Mme. Kieffer m’a également demandé de la nourrir de références de mises en pages expérimentales pour qu’elle puisse s’inspirer lors de son travail avec les élèves sur cette édition. J’ai volontiers répondu à sa demande, en lui envoyant des références du travail d’artistes exemplaires comme Stéphane Mallarmé, Filippo Tommaso Marinetti, Pierre Faucheux, Massin et Didier Mutel – qui ont tous à leur façon penché leur attention sur ce sujet.

Élève en train de raffiner sa proposition définitive du dessin des lettres de l’alphabet. Pour ce faire, des repères ont été tracés pour stabiliser la graisse et la proportion des lettres. Outil utilisé : feutre-pinceaux – 15 mai 2017.
Élève en train de raffiner sa proposition définitive du dessin des lettres de l’alphabet. Pour ce faire, des repères ont été tracés pour stabiliser la graisse et la proportion des lettres. Outil utilisé : feutre-pinceaux – 15 mai 2017.
Thème(s)
Inventer la langue