8 - Leçon de vol

Publié par Romain Darrieu

Journal du projet

Comment nous avons inventé cette scène de la Leçon de vol où les oiseaux font se dégourdir les ailes.

L’idée de cette scène m’est venue d’Eva. Sa première proposition de numéro pour la « Vie » était une sorte de conférence sur les différentes caractéristiques de vol du colibri : capable de voler à reculons, bat si vite des ailes qu’on ne les voit plus, 30% de sa masse corporelle dans ses ailes, etc. Etant sûr déjà à l’époque que je voulais des numéros muets, je disais à Eva de chercher autre chose (elle a ensuite été vers la pollinisation) et que je gardais ça en tête.

Quand je revenais quelques semaines plus tard, j’essayais tout de suite mon idée : une leçon de vol type fitness donnée par des oiseaux. J’avais donc toujours le colibri comme coach et j’ajoutais maintenant tous les autres oiseaux (aigle, pie, corbeau, cacatoès) pour montrer les différents mouvements, car le but finalement serait bien sûr de faire bouger le public !

Nous avons d’abord inventé la séquence : d’abord échauffement « pour ne pas se froisser les plumes » puis apprentissage des différentes techniques de vol (dont le palpitant tchik tchik boum boum 200 km/h) et enfin session de vol au-dessus de l’Amazonie. J’écris cette trame mais laisse aussi Eva improviser car elle se révèle très douée pour ça et cela va trop bien à ce colibri-coach.

Nous en arrivons au plus passionnant : le jeu des autres oiseaux. Car très vite il semble réducteur de les faire juste venir faire bien les mouvements. Nous cherchons différentes possibilités et petit à petit l’oiseau fait son nid (je m’étais jurer d’éviter les expressions citant des animaux pour éviter de « mettre dans des cases » comme dit le husky dans l’« Assemblée ») : l’aigle n’est pas très motivé, cette séance ne semble pas l’intéresser, sans doute se considère-t-il meilleur que ces petits oiseaux de basse-cour ; les deux cacatoès sont gonflés de muscles, leurs ailes ne touchent même plus leur corps, ils font presque peur ; le corbeau est tout élastique et il prend un malin plaisir à exécuter tous ces mouvements qu’il connait à la perfection ; la pie est fière, c’est elle qui dirige les mouvements en rythme.

Ils sont maintenant tellement investis que lorsque démarre le voyage au-dessus de l’Amazonie, je pourrais jurer que leurs pieds décollent légèrement du sol…