12 - RestitutionS

Publié par Romain Darrieu

Journal du projet

Le jeudi 27 juin les enfants présentent leur travail et je présente une ébauche de ce que notre recherche avec Jessie.

Le Jour J est arrivé. La journée est longue. Il fait très chaud.

Après s’être rassurés le matin en ayant joué devant les autres classes et n’ayant pas reçu de tomates, il n’y a plus qu’à… Plus qu’à quoi au juste ? J’essaye de l’expliquer aux enfants : plus qu’à s’amuser. On dit souvent ça à la fin d’une création théâtrale, c’est curieux, comme si jusque-là c’était pénible et que d’un seul coup il fallait faire n’importe quoi. Bien sûr il ne s’agit pas de ça. Simplement cela veut dire que tout est là, il n’y a pas à être inquiet car le spectacle tient la route et chacune chacun est capable d’y être pleinement. On ne le fera qu’une fois, il faut s’amuser dans ce sens, dans le sens qu’il vaut mieux se tromper dans les rires que regretter d’avoir fait juste un peu.

Tout le public est en place, j’ai eu si peur ces derniers jours et toute cette journée. Ma peur disparaît à l’instant où je prends la parole pour présenter le travail. Ce ne sont que nos familles en face de nous, ils ne nous veulent que du bien, comme cela pourrait-il mal se passer ? Je dis quelques mots. Je dis aux enfants que bientôt ils seront au collège et deviendront des ados puis des adultes, je leur dis qu’ils ont la vie entière pour être adulte et plus que quelques années pour être des enfants, et puis je prends à témoin leurs parents : être enfant c’est tellement plus intéressant que d’être adulte.

Le spectacle commence, il me faudra environ 1 minute pour comprendre que je n’ai pas à être inquiet. Pas la peine car c’est visible et ça se sent dans l’air : les enfants s’amusent…

Ils ont été brillants. A mon tour de présenter un bout de notre travail avec Jessie. Je n’ai pas peur mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que c’est une mauvaise idée, il fait chaud dans la salle, le père de Marius a préparé de délicieux hors d’œuvres, les parents veulent juste féliciter leurs enfants, mais j’ai dit que je le ferai, je le fais. La lecture d’un morceau du texte en cours dure 15 minutes, tout le monde écoute, tout le monde suit, et en lisant je regarde « mes » enfants à mes pieds et je me rends compte que même si mon futur spectacle n’aura probablement rien à voir avec ce qu’ils ont montré aujourd’hui, même si je me suis éloigné de la thématique de départ, un lien est là, sensible. Ce spectacle que nous allons finir de monter à l’automne avec Jessie, quoi qu’il devienne, il sera habité du travail avec ces enfants, habité par leurs animaux totems, ils en font partie.