Je suis passé dans les 5 autres classes de l'école, je disposais de 30 minutes avec chacune...
Comment parle-t-on à des enfants de petite section de maternelle du travail d’un acteur ? Du théâtre ? Du principe d’une résidence d’artiste ? J’ai été confronté à ces questions lorsque j’ai rencontré les autres classes de l’école, une trentaine de minutes chacune. Je réfléchissais à ce qui serait le plus pertinent à proposer pour cette courte demi-heure : conter une histoire, répondre aux questions sur ce qu’est le métier d’acteur… l’histoire pour les maternelles, les questions pour les primaires. Et puis je me rappelais que nous étions présents Jessie et moi dans cette école de Subles pour chercher, il s’agit bien d’une résidence de recherche artistique qui doit intégrer les élèves d’une classe (celle des CM1/CM2 de François) et rayonner sur l’école dans son ensemble. J’ai donc pris le parti de leur montrer un peu le travail des CM1/CM2 en leur présentant les marches des animaux totems. Je leur explique le principe de cet exercice comment nous nous sommes inspirer des animaux plutôt que de les imiter, les différentes contraintes : obligatoirement être debout, aucun son, etc. Je leur montre, ils devinent et doivent dire pourquoi cette marche correspondait à cet animal. Evidemment j’adapte mon discours en fonction de l’âge des enfants face à moi. Et je me rends bien vite compte que s’il a été très difficile de faire entrevoir aux CM1/CM2 comment ne pas rester à la surface d’un travail d’imitation mais comment plonger dans les eaux plus profondes de l’interprétation, de la création et de l’imagination, il est impossible de faire entendre cette différence à des petites sections de maternelle pour lesquels la simple notion de question, de forme interrogative est encore abstraite comme me le faisais remarquer à la fin l’institutrice quand je demandais mécaniquement aux très jeunes enfants : « Est-ce que vous avez des questions avant que l’on ne se quitte ? ». Avec les plus petits, je suis tombé dans l’écueil de les faire monter au plateau pour faire certaines marches : trop peu de temps et trop d’enfants ; pour les autres classes j’accapare le plateau et leur fait deviner le maximum de marches, tout en en profitant pour glisser quelques anecdotes sur ces animaux, sur pourquoi ils ont été choisis eux plutôt que d’autres !
J’ai vu les 5 autres classes de l’école, de vraies respirations, des moments où j’ai pu me rappeler tout simplement le plaisir de jouer pour des enfants et puis le plaisir devant leur sensibilité si précieuse ! Alors que je faisais la marche de la pieuvre par exemple et que les enfants s’échinaient à trouver de quel animal il s’agissait se perdant chez les oiseaux et les insectes volants, Gabin, moyenne section de maternelle, décèle la pieuvre :
- Bravo ! Dis-moi comment as-tu trouvé ?
- J’ai fermé les yeux et j’ai imaginé.
Les Ateliers Médicis seront fermés au public du 21 décembre au soir au 5 janvier inclus.