Migration d'oiseaux imaginaires

6 - Marches

Publié par Romain Darrieu

Journal du projet

La toute première recherche de jeu, de théâtre avec les enfants, la marche entre eux et leur animal totem.

Quand j’ai dit aux enfants que nous allions inventer la marche de nos animaux totems et ce en restant debout et sans faire de sons, certains m’ont regardé béats… Et pour cause : comment fait-on la marche d’un animal qui n’a ni jambe, ni bras ? d’un animal qui vole ? d’un animal qui vit sous l’eau ?

Je commence par les faire s’allonger et fermer les yeux. Nous nous lançons dans un long processus d’imagination. Je leur demande de voir leur animal totem devant eux. Il est pour l’instant immobile, posé sur une branche, une roche, l’herbe, ou au fond de l’eau.

Je leur demande de se concentrer d’abord sur la peau. Qu’est-ce qui la recouvre ? Est-elle nue ? Quelles couleurs peut-on voir ?

Puis sur la tête. A-t-il un nez ? des oreilles ? une bouche ? des dents ? une langue ? un front ? des joues ? Et maintenant regardez bien les yeux : voyez-vous des billes noires ou bien de la couleur ? ce regarde vous dit-il quelque chose ?

Regardez maintenant le reste du corps et plus particulièrement les pattes. A-t-il des pattes ? des nageoires ? des ailes ? des tentacules ? combien ?

Alors que vous regardez les membres de votre animal totem, celui-ci se met en mouvement doucement. Il se lève, se dégourdit les membres, et se met tranquillement en « Marche » (aucune allusion au parti politique). Vous êtes un peu derrière lui et vous l’observez dans son déplacement. Essayez de voir ce qui s’en dégage : puissance, beauté, lenteur, lourdeur, grâce, bouillonnement, vitesse, agilité, équilibre, méfiance, etc. Et tandis que vous le suivez, il va plus vite, de plus en plus vite, jusqu’à atteindre une vitesse qui vous oblige vous aussi à aller très vite pour ne pas le perdre de vue. A nouveau regardez bien comment il se déplace, que peut-on dire des mouvements de son corps et qu’est-ce qui s’en dégage ? A un moment, il s’arrête, se retourne, vous regarde, observez bien ce regard, levez-vous délicatement, ouvrez les yeux, marchez. Et voilà comment nous avons commencé, voilà nos premiers pas sur le plateau. Je les laisse chercher d’abord en groupe puis seuls devant les autres, je leur donne des conseils pour préciser leur marche, la rendre plus riche. Et de fil en aiguille nous apercevons les premières silhouettes de ces enfants-animaux…

Je voulais commencer par la « Marche » qui évoque à la fois l’un des nos gestes les plus mécaniques (de ceux que nous avons oublié d’observer tellement ils sont ancrés en nous), mais aussi la migration, le voyage…

Trombinoscope de marches