Le refuge des Soms est un projet de sensibilisation à l'environnement alpin qui s'inscrit au croisement de mes pratiques en reliant montagne, création sonore, interactivité et construction scénique. Dans une cabane, des boutons, des enceintes, des images et surtout des sons : pleins de petites pièces documentaires radiophoniques, fictions et pièces sonores plastiques. Par l'art sonore, je propose de s'intéresser aux grandes problématiques des territoires de montagne. Grâce à l'outil micro, nous irons capturer les sons de ce milieu et écouter attentivement la nature. Nous discuterons de ces territoires escarpés, de leur histoire et leurs légendes. Nous imaginerons la cabane des Soms, un refuge pour les sons des sommets, et la construirons. Ce projet articulera travail d'écriture, écoute, sciences, biologie et bricolage. Il sera l'occasion d'une mise à l'écoute du monde et d'autrui, d'une exploration du milieu et de notre place au milieu de celui-ci, d'une ouverture à l'imaginaire alpin.
Ce projet est une envie de longue date, imaginé au cours d'une marche en montagne, et part d'un constat : la montagne est en danger. Le mode de vie de l'homme a évolué très vite ces dernières décennies, modifiant de manière irréversible les territoires alpins dans leur ensemble. Aujourd'hui, la prise de conscience de ces modifications grandit. De plus en plus d'institutions, d'associations et de particuliers s'investissent pour limiter les impacts négatifs du réchauffement climatique et de nos nouveaux modes de vie sur l'environnement. Ce projet s'inscrit dans cet élan.
Ces problématiques me touchant personnellement, je me suis demandée comment je pouvais, moi aussi, sensibiliser et enrayer les perspectives alarmantes qui nous guettent grâce à mes compétences.
Le Refuge des Soms sera une petite cabane rappelant le refuge d'altitude ; calme, isolée, permettant de déconnecter avec l'univers environnant pour écouter des pièces sonores documentaires ou plastiques, autour de problématiques montagnardes, en regardant des images (photographies ou dessins).
Son nom est un simple jeu de mots avec la toponymie des sommets du massif de la Chartreuse (Charmant Som, Grand Som, Petit Som) où l'ancien français « Som » (prononcé « somme ») est bien entendu le « sommet ».
Le projet prenant forme doucement, la résidence à l'école permettrait de le mettre en œuvre dans sa globalité, de le nourrir et l'enrichir. Travailler avec des enfants sur le long terme ouvre une multitude de possibilités et de matières exploitables, tant pour moi que pour eux. Et, finalement, cette thématique environnementale devient prétexte à créer de nombreuses choses, plus fécondes encore.
Bien évidemment, nous pourrons découvrir ensemble le milieu montagnard, sa faune, sa flore, discuter du réchauffement climatique, des migrations d'espèces, de l'impact de l'homme sur le milieu, des savoirs-faire traditionnels, rêver autour des légendes, relier français et patois... Mais la perspective de s'inscrire dans un temps scolaire permet aussi d'envisager des ateliers d'écriture et de lecture d'histoires que les enfants ont vécues ou imaginées. Nous pourrons travailler sur le témoignage, les contes voire l'enquête et la reconstruction historique. Nous pouvons imaginer des jeux de connexion avec l'environnement.
Nous pourrons créer des ateliers autour de l'écoute et du son : aller récolter des sons qui nous semblent intéressants, les travailler, comme des matières plastiques, les retourner, transformer, assembler. Redécouvrir les arts plastiques, sonores. Nous laisserons libre cours à l'imagination au travers d'histoires sonores inventées à partir d'une image fixe choisie, dessinée, ou photographiée.
Suivant le niveau des classes, des thématiques comme la prise de parole en public ou au micro, l'oralité, le débat, peuvent aussi être abordés.
Enfin, il serait intéressant de construire ensemble la cabane, que les enfants pourraient aussi avoir imaginée. Bricolage, entraide, avancés étapes par étapes, sont autant de notions et savoirs-faire tout aussi importants.
LE CONTENU DE LA CABANE :
Cette cabane - refuge, au delà de son évocation onirique et enfantine, renvoie aussi à sa définition première : un abri pour les trésors alpins... et l'auditeur !
Insonorisée avec l'extérieur, le spectateur y entrera à seul ou accompagné d'une ou deux personnes et grâce à des capteurs, boutons et une carte des Alpes, pourra choisir ce qu'il veut écouter avant de s'installer confortablement.
Quels sont les enjeux des territoires alpins ? Quelles sont les perspectives pour l'avenir ? Pourquoi la montagne fascine-t-elle et qu'a-t-elle à nous apprendre ?
Un panel de pièces sonores de deux à une quinzaine de minutes, abordant chacune un ou plusieurs thèmes à la fois, sera disponible à l'écoute. Elles seront tantôt très documentaires, tantôt plus artistiques, relèveront parfois peut être même de la fiction. Elles auront été créées grâce aux matières récoltées en montagne, à l'école et en entretiens avec des guides, des scientifiques, des habitants. Rien n'est exclu ; tout est à construire au fil des rencontres et des matières récoltées.
Des enceintes implantées autour de l'auditeur dans les murs et le mobilier, permettront de jouer sur les espaces et les mouvements sonores.
Les images (photographies développées et dessins...) seront encadrées sur des planches et rangés sur de petites bibliothèques. L'auditeur en choisira une pour déclencher le son associé.
Il n'y aura qu'une seule image par pièce sonore de façon à ce qu'une fois l'image découverte, le spectateur aille chercher d'autres détails dans l'image grâce à la bande sonore, et développe son imaginaire. Prendre le temps de regarder, et d'écouter.
COLLABORATEURS :
Je ne suis ni photographe, ni peintre, ni architecte. En revanche, certains amis artistes et ingénieurs de mon entourage le sont, et vont m'accompagner dans le projet. J'aimerais donc, certes, faire appel aux idées et rendus des enfants sur la cabane et son contenu, mais aussi au talent et aux connaissances de ces amis intéressés par le projet.
Par le(s) artiste(s)