Un mercredi, je suis entrée dans la salle de classe avec elle. Je l'ai déposée sur une petite table. Ils l'ont tous regardée avec des yeux plein de feux et d'envies - des lanternes dans la pupille !-. La couronne. La couronne de pacotille. Dérisoire, et pourtant... Sous l'écorce de plastique, la souveraineté. Un enfant l'a posée sur sa tête et a dit : « je me sens agrandi ». Alors je leur ai dit. Ce que je croyais depuis toujours. Je leur ai dit que nous naissons avec des couronnes sur la tête. Qu'un enfant qui vient au monde, c'est une reine, c'est un roi. Que bien souvent, au fil de la vie, cette couronne, nous la perdons. Un croc-en-jambe, une épine dans le cœur, et voilà que nous trébuchons. Et nous marchons la tête nue, oubliant la couronne qui a roulé plus loin. Je leur ai dit que nous ne devions jamais oublier. Que nous étions des reines. Que nous étions des rois. Que le théâtre -entre autres- est là pour nous le rappeler. Entrer sur scène, se tenir droit, faire entendre sa voix, c'est porter sa couronne. Des couronnes, des rangées de couronnes, scintillant dignement sous le soleil de l'existence, voilà bien tout ce que nous leur souhaitons, le Roi Gros et moi-même. Des couronnes. Pour toujours, cousues sur le sommet du crâne des enfants. Et puis, de ceux devenus grands. Assurément.