clairière et chevalement en forêt de St Clair

La plaine – carnet de bord #4

Publié par Mathieu Lion

Journal du projet

Sortie en forêt de Saint-Clair-de-Halouze : premier temps d'observation d'un paysage proche.

Nous avons choisi la forêt de Saint-Clair pour son histoire. Principalement bocager, le paysage des collines normandes que nous traversons pour nous rendre jusqu'à cette forêt fut intégralement boisé il y a des millions d'années.

Il n'y a plus de forêt primaire en Europe, nous l'avons évoqué en classe. L'activité humaine s'est depuis longtemps étendu aux moindres recoins du territoire, des littoraux jusqu'au sommet des montagnes, c'est presque toute la nature Française que l'on a domestiqué, par l'agriculture et la sylviculture principalement. J'aimerai que les enfants le comprennent.

observation et dessin du chevalement par les élèves

Nous voila finalement aux portes de la forêt de Saint-Clair-de-Halouze. A peine la lisière franchie, nous devons quitter la route forestière et prendre le chemin : il y a un mois, la route s'est effondrée. Je profite que nous nous soyons arrêtés à ce sujet pour montrer la carte aux enfants : la toponymie locale donne des indices sur les raisons de cet effondrement. Quelques noms de villages ou de lieux-dit ont un point commun ; leur relation au fer. Aujourd'hui plus aucune mine n'est en activité mais quelques ruines d'un passé industriel proche subsistent. La mémoire s'estompe pourtant à grande vitesse. Nous nous dirigeons donc vers les restes physiques de cette activité.

 

Accompagnés par le propriétaire du centre aéré qui participe à conserver la mémoire minière, nous traversons la forêt en marquant quelques pauses pour expliquer le plus simplement possible l'histoire géologique et sociale du paysage dans lequel nous nous trouvons. D'abord la forêt primaire, il y a quelques 250 millions d'années. Puis la mer recouvre les arbres permettant la naissance des matières fossiles et la formation des minerais que nous exploiterons bien plus tard. Ensuite le temps, l'érosion, le froissement lent du sol. Enfin l'homme qui s'en mêle, devient une force quasi géologique par son exploitation de plus en plus massive des ressources.

 

Nous arrivons au chevalement : c'est d'ici que l'on a extrait le plus gros du minerai de fer. Nous observons son fonctionnement avec les élèves, et comprenons petit à petit la forme de cette architecture grâce aux explications de notre guide. Les élèves réalisent des dessins du site afin de documenter cette mémoire industrielle.

 

Nous avons prévu des activités en forêt pour l'après-midi. Au programme, plusieurs modes d'observation du paysage. Une première activité se focalise sur l'identification des espèces d'arbres, une deuxième sur la forme plus générale de la forêt, la troisième propose d'intervenir dans ce paysage par le « land art », la quatrième se concentre sur le cadrage en photographie dans l'observation d'une clairière et de la végétation qui la compose.

J'ai ramené de vieux appareils photos pour montrer aux élèves comment fonctionnent les appareils argentiques grand format et moyen format. Ils sont fascinés par l'image qui apparaît sur le verre dépoli. La clairière et les fleurs qui la peuple me permettent de parler composition et cadrage tandis que mon guide des plantes nous permet d'identifier notre sujet. J'espère que ces temps d'observations porteront leurs fruits pour le dernier atelier pratique.