Retour sur l'ensemble du projet avec un peu de recul.
Avec le recul on ferait toujours les choses un peu différemment. Je suis tout de même très satisfait de la réalisation de ce projet. Je pense avoir réussi à transmettre aux élèves une partie des enjeux de mon travail malgré la complexité du sujet pour les enfants – j'avais a priori surestimé les connaissance des élèves de primaire.
Je m'étonne encore de la diversité de compréhension du concept même de paysage et de la difficulté à définir communément ce mot, avec les plus jeunes comme avec les adultes. Ce flou des contours de l'idée de paysage permet de remettre en question chaque jour ce qu'il est et en même temps, ce qu'est une image de paysage, ce qu'elle a à nous dire.
La résidence a Caligny m'a confirmé l'intérêt des discussions autour du paysage de la plaine agricole et la nécessité des images pour alimenter celles-ci. Ces mois partagés entre la création et la médiation m'ont motivés à accomplir une partie du projet que j'avais jusqu'ici mise en veille : la rencontre des personnes qui font le paysage. Je souhaite maintenant montrer mes images aux agriculteurs et ouvriers agricoles pour mener des entretiens à l'oral. Nous parlerons avec eux j'espère de l'esthétique de cette agriculture, de ce paysage standardisé et ses typicités.
La réception de mes images par les enfants et le public m'ont également confirmé que l'on pouvait trouvait du beau dans ces environnements banals. Disons plutôt que ma poursuite d'une beauté inquiétante dans le paysage modifié par la société humaine prends son sens alors que je peux partager ce sentiment avec de parfaits inconnus. Je ne prétendrais pas être un pionnier sur ce terrain là. Je ne souhaite pas révolutionner la relation des personnes à leurs environnements proches, mais je suis très content de réussir à susciter un regain d'intérêt pour des lieux que l'on considère communément banals alors qu'ils véhiculent des enjeux pour moi essentiels.
