Panorama

Exploration

Publié par Marieke Rozé

Journal du projet
Arts plastiques Installation Sculpture Sérigraphie, Construction

          Pendant la résidence sur l'île, nous avons l'intention de nous focaliser davantage sur un travail de recherche. Nos conversations autour de la cartographie LIDAR avec les scientifiques rencontrés sur place et l'arpentage des différents géosites de l'île génèrent de nouvelles idées qui viennent nourrir l'imaginaire de notre travail en duo (voire l'article "Projet Coring").

     Au cours de notre résidence sur l'île, nous assistons au PREAC (Pôle de Ressources pour l'Education Artistique et Culturelle), un séminaire de formation sur 3 jours qui s'intitule « Arts, nature, culture, Du battant des lames au sommet des montagnes ». Lors de ce séminaire qui regroupait une pluralité d'experts, que ce soit dans le domaine artistique ou scientifique, nous nous sommes particulièrement intéressés à l'intervention du SRA (Service Régional de l'Archéologie) et de l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) nommée « L’archéologie, une autre façon d’appréhender le paysage ». Dans cette conférence, nous avons appris comment la fouille d'anciens sites de marronnage cachés pouvait être facilitée par de nouvelles technologies. Notamment grâce au LIDAR (Laser Imaging Detection And Ranging) ; il s'agit de télédétection par laser effectuée en hélicoptère. Dans ce cadre de recherche, il est utilisé pour créer des cartographies très précises en montrant les densités de végétation. Ainsi, il permet aux archéologues de repérer ce qu'ils appellent des anomalies dans le paysage. C'est à dire des courbes ou des lignes qui influencent le sens de développement des arbres. De cette manière, il peuvent organiser une mission de repérage par hélicoptère dans certains endroits de l'île inaccessibles autrement. Ils découvrent que, le plus souvent, ce qui contraint les arbres dans leur développement sont d'anciennes constructions (villages, terrassements,...) crées par les marrons.

Lors de cet exposé, les archéologues nous montrent les différents types de trouvailles qu'ils ont pu faire lors de ces expéditions et la manière dont les archéobotanistes de l'équipe peuvent expliquer ce que les marrons cultivaient à leur époque. La technologie du Lidar ne nous étaient pas inconnue. En effet, nous avions rencontré auparavant le vulcanologue Laurent Michon, de l'Université de la Réunion à Saint-Denis, qui nous en avait parlé. Nous avions pris rendez-vous avec lui grâce aux géologues d'Ifremer, partenaires de notre projet. Lors de cette entrevue, il nous parle de plusieurs sites volcaniques relativement connus sur l'île qui ont piqué notre curiosité ainsi que de L'OPAR (Observatoire de Physique de l'Atmosphère de la Réunion), situé au sommet du Maïdo. Il nous affirme qu'à certains moment de l'année, on peut voir un laser vert vertical jaillir vers le ciel en direction des Hauts de Saint-Leu. Plusieurs articles de journaux évoquent la publication de photographies sur les réseaux sociaux du phénomène par des réunionnais qui s’interrogent sur sa nature.

     Par la suite, nous sommes allés explorer ces sites dont les scientifiques et notre entourage à Trois-Bassins nous avaient parlé. Nous avons admiré les coraux dans la lagune de Saint-Gilles-Les-Bains, tout en évitant un rascasse volant. Nous avons parcouru la route du littoral, avec ses falaises retenues par de grand rets métalliques. Nous avons traversé le paysage lunaire de la Plaine des Sables et grimpé sur le Piton de la Fournaise à son sommet, regardé ses différentes formations de basalte et récolté les cheveux de Pélé qui s’accrochaient à nos sacs sur tout le long du chemin. Nous avons arpenté les coulées de lave qui plongent dans l'océan près de la forêt domaniale du Grand Brûlé, entre Saint-Philippe et Sainte-Rose, ainsi qu'au Gouffre de l’Étang Salé. Nous avons admiré la roche striée du site géologique de La Chapelle, à Cilaos, qui était autrefois une ancienne chambre magmatique. Depuis le Piton Maïdo, nous avons aperçu les reliefs du cirque naturel de Mafate, partiellement dissimulés par d'épais nuages.

              Avec le temps très changeant et l'humidité omniprésente dans les Hauts en raison de la saison des pluies, il nous a été difficile de créer un journal dessiné de ces expéditions. Mais l'ensemble de ces explorations a fait l'objet de photographies et de prises de notes qui constituent une abondante banque d'images et de données dans laquelle nous revenons puiser pour l'élaboration de nouvelles pièces dans le cadre du projet "Coring".