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Ateliers 13 et 14 // Mai 2018

Publié par Elodie Chamauret

Journal du projet

danse-théâtre et vidéo

atelier 13 / lundi 7 mai 2018

Tableaux vivants

Nous revenons sur le travail amorcé quelques jours plus tôt sur les Quatre Saisons de Vivaldi (qui, initialement n’était qu’un échauffement dans mon programme). J’explique aux enfants mon désir (un désir, exprimé également par certains enfants du groupe à titre personnel) de poursuivre ce travail en composant des tableaux vivants : un travail à mi-chemin entre la danse et le théâtre, comme ils-elles l’avaient intuitivement réalisé au foyer rural Nous ré-écoutons tous les morceaux en intégralité avec une écoute active où chacun.e note pour lui/elle-même pourquoi il s’intéresse (ou non) à une musique, ses émotions ou sensations… Puis nous procédons à un vote pour sélectionner les deux morceaux sur lesquels nous travaillerons (afin de se donner le temps d’explorer ces tableaux vivants avec plus de précision) parmi les quatre musiques initialement proposées : les enfants ont choisi L’Automne (allegro) et L’Hiver (allegro non molto). Ces titres nous ont donné un prétexte pour évoquer l’omniprésence de la langue italienne dans la sémantique musicale (par exemple : jouer piano, crescendo, dolce, forte, legato, largo…) et pour un petit détour par l’histoire de l’art avec la musique baroque.

Restitution de Poil de Carotte // Variations

De façon plus formelle, nous abordons le contenu de la restitution qui aura lieu au Foyer Rural de Montaignac-Saint-Hippolyte le 29 juin à 18h. Chacun.e exprime ses envies, ses appréhensions. Sous la forme d’une exposition, nous présenterons les traces de notre aventure humaine et artistique : les travaux artistiques (écriture et arts plastiques) produits par les élèves, photographies, mon journal de bord avec les matériaux (picturaux, sonores, filmiques…) à partir desquels nous avons travaillé et quelques photographies. Certains enfants désirent monter sur scène (d’autres pas) : nous pouvons présenter les petites scènes de théâtre écrites à partir d’improvisations ; les tableaux vivants sur Vivaldi ; une lecture théâtralisée d’un extrait de Poil de Carotte. Chacun.e prend le temps de réfléchir à ce qu’il-elle veut présenter (ou non) au public. Pour ma part, j’aimerais exposer mon projet de création Qu’est-ce que ça peut faire, pourvu qu’on rigole ! en présentant le dossier artistique du spectacle (en espérant que les élèves ayant participé à l’expérience puisse voir le spectacle en Corrèze lors de la saison 2018-2019) et une petite exposition de mon journal de bord ateliers avec les documents que j’ai pu utiliser, un exposition (bien sûr lacunaire) de notre itinéraires de variations autour de Poil de Carotte.

Récits sous forme de lecture théâtralisée

Nous poursuivons notre premier tour de lecture à haute voix où je donne aux enfants quelques directions d’adresse de jeu et leur fait travailler l’alternance des voix et du récit. Il semble que la parole dramatique soit plus évidente pour le groupe que la parole narrative.

Tournage film

Nous tournons quelques images avec la caméra devant le château du village : je demande aux enfants d’imaginer un monde sans adultes… Que serait une société exclusivement constituée d’enfants ? De l’improvisation libre, nous essayons de tendre vers la composition (sans pour autant rendre l’image artificielle). La difficulté est de garder l’authenticité et la sincérité du jeu en dépit de la répétition et du dispositif. Nous avons sous les yeux, par moment, le tableau de Bruegel « Jeux d’enfants » (mais en plein soleil…) Qu’elle est belle cette liberté !

Ensuite, nous suivons le parcours repéré quelques jours plus tôt avec Joëlle. C’est surtout des répétitions et des repérages pour tourner les images, voir comment réagissent les élèves à cette promenade et à la caméra. Nous passons par des maisonnettes en pierre avec un puits, nous traversons la voie ferrée, des fermes gardées par des chiens puis suivons des sentiers d’où nous voyons des champs avec des vaches limousines, une marre, un petit bois).

Dans l’herbe fraîche, à l’ombre, nous lisons quelques extraits de Poil de Carotte. Les enfants expérimentent aussi la manipulation de la caméra et comprennent instinctivement les contraintes difficultés de l’écriture filmique. Je leur transmets un vocabulaire basique : travelling, plan-séquence, rushes, plan serré, plan large…

atelier 14 / vendredi 11 mai 2018

Tableaux vivants

Je présente au groupe deux peintures de Bruegel L’Ancien en lien avec les morceaux des Quatre Saisons de Vivaldi que j’avais en tête lors de leurs improvisations au plateau :

Automne « Jeux d’enfants » (1560)

Hiver « Paysage d’hiver avec patineurs sur glace ou la trappe aux oiseaux » (1565)

Bruegel est un peintre que les enfants connaissent déjà, ils-elles reconnaissent immédiatement son esthétique, son principe de la composition et son souci du détail. Leur enthousiasme et très plaisant… Nous pouvons donc facilement rentrer dans le vif du sujet… Par des musiques ou des peintures, par des fragments textuels ou filmiques, etc… j’essaie de leur expliquer ce qui me permet d’écrire une mise en scène.

Rentrons dans le concret de ce processus d’écriture artistique ! Nous travaillons en deux groupes (les enfants se sont répartis selon leur goût : chaque groupe invente à partir d’une musique et d’une image : association entre Vivaldi et Bruegel). L’écriture de plateau commence par de l’improvisation pure puis je sélectionne les images qui fonctionnent et composons ensemble notre tableau vivant de ”danse-théâtre”. Je m’attendais à un imaginaire plus abstrait mais les enfants se sont plongés assez naturellement dans un rapport au corps et à la musique assez figuratif, ne perdant pas de vue le récit de Poil de Carotte !

Tournage film

Tournage dans la nature de 4 séquences filmiques repérées et répétées avec les enfants :

– travelling sur les visages des enfants (château)

– plan-séquence sur les jeux d’enfants libres (château)

– travelling sur les enfants qui lisent Poil de Carotte (sentier le long des champs)

– plan-séquence sur les enfants qui lisent Poil de Carotte (petit bois)

Pour ces plans filmés, je demande aux enfants d’être comédien.ne.s. Mais de ne rien faire… J’ai conscience que cet exercice leur demande une concentration énorme et je suis stupéfaite face à leur application et leur rigueur. Les enfants découvrent qu’on ne joue pas de la même façon sur un plateau de théâtre que face à une caméra. C’est difficile de rester naturel.le et d’oublier la caméra. Certain.e.s jeunes, maladivement timides dans la réalité, se montrent d’une aisance saisissante lorsqu’ils-elles sont filmé.e.s. La caméra est comme un révélateur. C’est un rapport peut-être plus ”intime” au jeu d’acteur ?

Reportage photographique

Le midi, je me promène dans l’école pour y mener un reportage photographique. J’essaie de porter un regard sur l’insolite ou sur le poétique, de déplacer le réel du quotidien, de voir l’école avec des yeux ludiques…

L’après-midi, entre deux séquences filmées, le temps de la promenade hors de l’école – espace de liberté et de ludisme – je profite de la caméra pour prendre quelques photos, faire des portraits…