Les temps des lieux est un projet visant à répondre à une interrogation : comment raconter les lieux ?
En questionnant la mémoire, le quotidien et l'imaginaire il s'agira de réaliser une biographie d'un lieu.
Avec la photographie, de prendre des notes visuelles du présent.
Avec les images d'archives, comprendre le passé et pouvoir s'y projeter.
Avec l'écriture, retranscrire ce qui ne se voit pas et imaginer le futur.
Tous ces médiums se croiseront pour tenter une biographie subjective, poétique et collective, afin de raconter un lieu dans son passé, présent et futur.
La photographie est intrinsèquement liée au temps. Le temps de pose, le temps de développement, l’instant qu’elle immortalise et sa durée de vie. Cette question du temps est au cœur de ma pratique depuis quelques années, à travers des interrogations sur la mémoire et les souvenirs. J’interroge aussi bien les images d’archives que les souvenirs personnels et je photographie le présent pour en garder des tranches pour le futur. Passé, présent, futur se croisent dans mes projets avec la photographie, l’écriture, la vidéo ainsi que la voix. Dans mon projet L’Herminière, c’est le lieu qui me donnait une matière à penser le temps. Je brossais alors, un portait subjectif d’un lieu familial dans lequel je n’avais jamais vécu, mais dont les récits de ceux qui y avaient habités nourrissaient mon imaginaire. J’imaginais comment les habitants pouvaient y vivre il y a quelques décennies et comment des futurs occupants pourraient le réinvestir. Ma vision du présent transparaissait dans les photographies que j’avais faites du lieu ainsi que dans des enregistrements vocaux pris sur le vif. Dans mes projets précédents, Memorandum, Memento et Réminiscences, je faisais appel à mes propres souvenirs à partir de photographies que j’avais prises quelques mois ou années plus tôt. Ces travaux m’ont amené à penser la photographie comme un matériau autobiographique et à en faire mon sujet de mémoire de fin d’études.
Je souhaite pour cette résidence me concentrer sur les biographies subjectives des lieux en partant de cette question : comment raconter un lieu ?
Ce qui peut faire l’identité d’un lieu c’est son histoire, son passé, avec ce qu’il en reste. C’est aussi son quotidien, ce qu’il se passe dans le présent, comment les gens l’investissent, y vivent et le perçoivent. C’est enfin son futur, ce qui est envisagé de l’avenir de ce lieu, de ses habitants et ce que l’on décide de garder en mémoire.
Cette résidence sera pour moi l’occasion de découvrir un lieu, de l’appréhender, de questionner son histoire et d’y porter un regard neuf, subjectif et poétique. Je brosserai un portrait biographique du lieu avec les différents médiums que j’utilise dans ma pratique : photographie, vidéo, son et écriture. Une édition contiendra l’ensemble de mon travail sur la période donnée, regroupant les médiums utilisés. La résidence me permettra aussi de croiser mon regard avec celui des enfants. Ils nourriront ma vision du territoire. Les ateliers menés avec eux porteront sur le même sujet. Mon travail se construira en parallèle avec le leur.
Les lieux de notre enfance sont comme nos racines, ils nous donnent une part de notre identité. Le travail avec les enfants prendra appui sur leurs lieux quotidiens. La ville où ils habitent, leur maison, leur école, etc. Nous voyagerons dans le temps en questionnant les habitants sur comment c’était avant, en racontant le quotidien à la manière du journal intime ou du carnet de voyage et en imaginant le futur avec des récits de fiction.
La photographie sera comme une machine à remonter le temps. Nous travaillerons sur des images d’archives pour parler du passé. Elle nous servira aussi à documenter le présent.
Le langage, par l’écriture et la voix, traversera les différents temps. Il nous servira à recueillir les témoignages à propos du passé, raconter le présent et imaginer le futur.
Le projet se découpera en trois parties, définies par ces trois temps : passé, présent et futur.
La première partie sur le passé sera un moment de recherches et de documentation. Le but sera de trouver un maximum d’archives photographiques et de témoignages d’habitants sur ce qu’était la vie quotidienne dans la commune avant. Nous irons à la rencontre des habitants pour les interviewer afin de comprendre un peu mieux le passé et d’avoir un nouveau regard sur les lieux.
La deuxième partie sur le présent sera basée sur l’autobiographie et le journal intime. Les enfants chacun munis d’un appareil photo jetable devront photographier leur quotidien, ce qu’ils aiment, ce qu’ils voient tous les jours, ce qui les intrigue, ce qu’ils ne veulent pas oublier, comme un carnet de notes visuelles. Une fois les photographies développées ensemble, ils en choisiront quelques-unes et nous travaillerons dessus avec l’écriture. Nous travaillerons sur les émotions, les ressentis face aux images et les souvenirs qu’elles procurent. Ainsi chaque enfant aura son journal autobiographique.
La troisième partie sur le futur nous permettra d’interroger le récit de fiction. Nous imaginerons comment la ville pourra évoluer, ce qui changera et à quoi elle pourra ressembler dans quelques années. Nous imaginerons un quotidien pour le futur. Dans cette partie, l’écriture, la voix, mais aussi le dessin et le collage à partir de photographies, se croiseront. Ces divers médiums permettront aux enfants de développer un imaginaire et de l’exprimer.
Le projet prendra la forme finale d’un fanzine collectif. Chaque enfant aura une double page pour y exprimer sa vision de la biographie des lieux au passé, présent et futur. À partir des multiples productions réalisées au cours des ateliers précédents, ils auront la possibilité de croiser les divers médiums en travaillant sur un support papier. Nous assemblerons toutes les doubles pages pour finaliser l’édition. Chaque enfant repartira avec un exemplaire du fanzine collectif.
Un temps de restitution clôturera le projet.
Nous réaliserons une exposition de tous les travaux produits pendant les ateliers, le Fanzine ainsi que mon propre travail de résidence. L’ensemble de l’école, les enseignants, les élèves et leurs parents seront invités à venir voir le travail. Les enfants seront les propres médiateurs de leurs œuvres. Ils pourront expliquer aux autres classes ainsi qu’aux parents le projet mené pendant les ateliers. Cette restitution à pour but de valoriser le travail des enfants, de le montrer aux autres ainsi que de les amener à parler de leurs expériences.
Par le(s) artiste(s)
En raison du mouvement de grève jeudi 23 mars, les Ateliers Médicis sont fermés au public.
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