C'est bon signe ! est un projet de signalétique participative proposant aux habitants d'un lieu – en l'occurrence les élèves de l'école –, de penser et produire la signalétique de son environnement. La signalétique peut être perçue comme un moyen conventionnel et conventionné d'indiquer les espaces et leurs fonctions. Elle peut-être aussi un moyen de raconter une histoire, de penser la pratique des lieux et leurs différentes vies. Construire la signalétique d'un espace que l'on habite c'est poser un regard sur la vie qui y prend place, la sienne et celle de ceux qui le partagent. Quelles histoires raconter ? Quels chemins — faire — prendre ? Quelles formes ? Quels mots ? Quelles formes peuvent prendre ces mots ? Comment l'espace supporte-t-il ces formes ? Autant de questions que l’on aimerait soulever durant la résidence Création en cours. C'est bon signe !
L'espace de l'école est l'un des premiers lieu d'expérimentation de la vie sociale, en cela il revêt le caractère particulier d'un micro-espace – cocon protecteur ou mise à l'épreuve – prémisse des échanges qui vont traverser les vies sociales de chacun des élèves.
Nous nous intéressons à la manière d'habiter un lieu, de se l'approprier. Dans notre pratique, la signalétique est un moyen graphique de mettre en lumière des relations au lieu, ses histoires, ses particularités. Nous voyons dans la signalétique un outil liant l'aspect utilitaire du lieu et son aspect narratif et émotionnel. Par les échanges, et la mise en œuvre de la signalétique, les habitants sont acteurs du lieu qu'ils vivent et prennent en main des outils qui manifestent leur "pouvoir agir" sur ces espaces partagés. Pour la résidence Création en cours, le projet C'est bon signe ! proposera aux élèves de l'école de créer une signalétique de leur établissement et de la présenter au public lors d'un évènement.
Dans un premier temps une étude du territoire est requise : nous effectuerons une analyse du lieu, découverte de son environnement et des différents acteurs concernés (habitants de la ville, collectivités, parents d'élèves, employés de l'école etc.). Au travers de pérégrinations et de recherches autour de l'école et de la ville (prises de vue photographiques, croquis préparatoires, relevés signalétiques et des formes propres au lieu, recherches au sein des archives de la ville) nous analyserons l'atmosphère à la fois visuelle et sociale de notre terrain de travail.
En parallèle nous prendrons contact avec les collectivités et autres acteurs locaux (associations, entreprises, commerces, etc.) qui pourraient nous apporter un éclairage sur l'histoire de la ville mais aussi avec lesquels nous pourrions engager une démarche d'économie circulaire pour notre production (recherches de matériaux, savoirs-faire particuliers, etc.). Travailler avec les acteurs locaux est un point auquel nous attachons beaucoup d'importance dans notre pratique.
Nous engagerons ensuite avec les élèves une phase d’observation de l'espace. Durant cette période, nous nous questionnerons sur la manière de raconter et analyser le lieu de l’école à partir de différents points : historique, narratif, formel, utilitaire etc.
Les élèves, étant habitants et usagers de l’école, leur connaissances, leurs désirs et leurs opinions sur celle-ci sera pour nous l’opportunité de connaître, comprendre et utiliser l’école dans sa dynamique et ses possibilités.
Ainsi, nous tenterons avec eux de comprendre l’environnement dans lequel s’inscrit leur école. Sous la forme d’une analyse urbanistique, à travers des jeux mais aussi en décrivant la signalétique existante, l’idée est d’écrire avec les élèves nos propres « cahiers des charges ». Ceux-ci nous serviront de bases (écrites, photographiques ou dessinées) pour le développement de la signalétique.
Une période d’expérimentation graphique découlera de la mise en commun des recherches faites par les élèves et nous même mais aussi des exemples de signalétiques présentés en début de projet. Durant cette phase nous procèderons à des tests graphiques en prenant en compte les éléments récoltés. Nous proposerons pour cela un panel d'outils permettant d'aborder les questions de la typographie, des formes, des couleurs mais aussi de développer le lien historique, narratif, et expérimental que peut revêtir une signalétique.
À partir de ces deux périodes – observation et expérimentation – nous approfondirons le travail à développer et les outils à utiliser. Notre réflexion sera effectuée en relation directe avec le personnel et la direction de l’école sur des points de vue techniques (adaptation à l'existant, réflexion sur la pérennité de la signalétique, sécurité des matériaux etc.).
C’est durant cette période que nous définirons les lignes de la mise en œuvre de la signalétique dans l’espace de l’école. Grâce à une sélection d’idées issues des recherches des élèves, nous proposerons un système de signalétique à réaliser dans une dernière étape. Nous reprendrons contact avec les potentiels partenaires locaux en vue de la fabrication et commencerons l'organisation de l'évènement.
À la fin du chantier de construction, un moment sera organisé en collaboration avec les élèves, le personnel de l’école et les parents d’élèves afin d’inaugurer et d’activer la signalétique créée pour lancer une dynamique. Ce moment sera aussi celui de la transmission du projet aux habitants du lieu.
Cette résidence « Création en cours » sera pour nous l'occasion d'avoir une approche sur un moyen terme d'expériences en relation avec un public et un lieu spécifique. La relation avec nos projets, précédents et à venir, viendra nourrir les échanges par la confrontation avec les caractéristiques propres au lieu, ses questionnements, ses attentes.
Nous cherchons à comprendre comment des dynamiques d'appropriation du territoire peuvent se mettre en place, notamment dans les espaces publics, et la relation au lieu de l'école – espace des premières expérimentations sociales – serait en ce point un terrain de recherche passionnant.
Par le(s) artiste(s)