Marguerite et Denise et la vache enchantée, conte inventé par une élève.

En quête de contes

Publié par Camille Le Jeune

Journal du projet

Le vendredi des vacances de Pâques, j'ai donné à chaque élève un cahier pour y écrire des éventuelles histoires inventées ou non, dessinées ou non, et inspirées ou non des contes de Luzel.

Nous nous sommes revus, pour la première fois après les vacances, au Logelloù à Penvénan, lors de ma résidence de création. Pendant les vacances, certains d'entre eux s'étaient prêtés au jeu d'inventer des histoires, et nous les ont partagées à la fin de la journée, en profitant d'être sur une scène et d'avoir leurs camarades installés dans des gradins !

Les univers étaient très différents les uns des autres. Nous avons eu des récits personnels, une fiction contemporaine, un résumé de la finale de la coupe du Monde 2018, et quelques histoires inventées qui se passent dans le passé avec des éléments fantastiques, à l'instar des contes que nous avions vus ensemble. La directrice de l'école et moi-même avons été très impressionnées par les propositions. Depuis ce moment, à la fin ou au début de chaque journée ensemble, une ou plusieurs nouvelle histoire inventée nous a été contée par un ou plusieurs élèves.

Le champ immense de l'invention

En leur offrant ces cahiers, ce qui me semblait intéressant était d'une part de s'essayer à la construction d'une histoire et de doser la part de l'inspiration extérieure, - certains ont écrit de mémoire des histoires qu'ils avaient déjà entendues-, et d'autre part de la raconter au reste de la classe. S'exposer ainsi au regard des autres, et dévoiler une part de soi-même que sont les histoires sorties de notre imagination, peut être un véritable défi, mais aussi un immense entraînement de comédien, et utile, je pense, à bien d'autres situations que celle de jouer dans une pièce de théâtre. La directrice de l'école m'a d'ailleurs soutenu qu'elle avait noté une évolution chez plusieurs élèves dans leur prise de parole en classe, et dans leur affirmation dans le groupe.

Chez certains, inventer des histoires est devenu un jeu et une fierté à partager. Les élèves se félicitaient entre eux, rebondissaient sur certaines histoires dans lesquelles ils avaient reconnu des thèmes de certains contes que nous avions vus ensemble.

Certains élèves ont choisi de ne pas lire leur conte, mais de nous les raconter de mémoire, en prenant bien soin de ne rien oublier. Je me souviendrai toujours d'un conte raconté par un élève de CE2 qui semblait l'inventer au fur et à mesure et qui pourtant a maîtrisé son récit du début à la fin, en offrant même un joli procédé stylistique à sa fiction : sa situation finale était un clin d'œil à sa situation initiale ! Dans ce conte, qui démarre par un discours rapporté, « Tu as mangé tout le poulet, il n'en reste plus pour tes frères et sœurs. Va-t'en pour toujours !», ce jeune élève racontait l'histoire d'un enfant ogre chassé de chez lui par ses parents. Il se retrouve donc sur les routes, seul, et rencontre un jeune garçon (humain). Malgré une première méfiance l'un à l'égard de l'autre, ils deviennent amis. Arrivent alors le père humain qui interdit à son fils d'être ami avec un ogre, et le père ogre qui veut également sauver son fils. Le père humain tue alors le père ogre. Le petit ogre est extrêmement triste et décide alors de transformer l'assassin de son père en... poulet ! Et de terminer de le conte en disant « Je n'ai pas mangé mon poulet aujourd'hui ».

Une autre élève, elle de CM2, a choisi de donner aux personnages principaux du premier conte qu'elle a inventé, les prénoms de ses deux grand-mères. Et tout comme les contes de Luzel, elle a mentionné des noms de villes et communes costarmoricaines, connues de nous tous, a inscrit son récit dans une grande misère paysanne, et y a introduit des éléments fantastiques : une vache qui ne produit pas du lait mais des écus d'or, un paysan ensorcelé et coincé dans l'apparence d'un chien.

Dans les contes de Luzel, les personnages sont amenés souvent à voyager. Ainsi, dans certains récits, les personnages partent de Bretagne et se retrouvent parfois en Ecosse, au beau milieu de la Mer Rouge, au Luxembourg, en Espagne... Une élève a, elle qui avait aussi choisi de nous raconter son histoire de mémoire, installé son conte en Pologne, après avoir jeté un furtif coup d'œil à la carte du Monde qui était derrière elle.

Quelques élèves de la classe avec leurs contes inventés.
Invention, jeu et mise en scène

Invention, jeu et mise en scène

Pour nous partager un nouveau conte inventé, une élève de CM2 a choisi de rester debout, afin d'être libre de se déplacer dans l'espace, et de faire des gestes pour accompagner, jouer, au mieux son récit. Elle a également intégré à son histoire une ombrelle, qu'elle avait sur scène avec elle.