Bienvenus dans les coulisses du cinéma !

Aujourd’hui est une journée particulière dans notre atelier avec les deux classes de l’école Romain Rolland. Nous allons toucher le cœur du cinéma, le moment où nous nous inventons tout un univers visuel à base des témoignages que les élèves ont réalisé auparavant. Nous voilà donc partis à quatre avec notre volontaire en service civique Nadia, notre stagiaire allemand Paul et notre deuxième animatrice Marjo. L’équipe au complet, retour au bercail et au programme : écrire les images inspirées par les interviews. En effet, cette séance allait être la plus importante, là où les élèves allaient réellement être impliqués artistiquement, et allaient pouvoir faire parler leur imagination. Nous voulions avec cet atelier que les productions émanent des élèves, donc il était tout à fait logique qu’ils écrivent eux-même les scénarios de chaque interview montée.   Ce jour-là, nous avons travaillé avec les deux classes. En début de séances, les élèves découvraient pour la première fois les premiers montages sonores des interviews qu’ils ont faites. Par la suite ils formaient des groupes de travail de 2 à 6 élèves au maximum. A partir de là, chaque groupe était responsable de son projet et ainsi de son film. Le choix des témoignages n’a bien sûr pas été facile, et encore moins quand il s’agissait des témoignages de leurs parents, maîtresses ou d’autres personnes de leur entourage. Et bien sûr, les élèves ne se contentent pas de choisir “seulement” quatre interviews par classe mais arrivent à convaincre Uli de tenter de réaliser même un 9ème petit film. Le travail commence...   Ensuite, les groupes se sont rendus dans notre salle d’atelier pour décider aussi bien quelle technique d’animation ils allaient utiliser pour leur film ainsi que le scénario à mettre en scène.   Uli avait comme idée de tenter de réaliser chaque film avec une technique différente, et, quelle surprise, les élèves étaient partants pour cela ! Les choix vont donc des techniques classiques comme l’animation de figurines en Lego et Playmobil jusqu’au plus complexes : L’animation de marionnettes en pâte à modeler ou encore le dessin sur ardoise. Quand il s’agissait de définir enfin ce que l’on allait voir concrètement à l’image, les idées des élèves ne s'arrêtait pas : que montrer quand notre interviewée dit “Je regrette énormément, j’aurais pu aller plus loin mais je ne me suis pas rendue compte” ? “Tout simplement, un portail qui se ferme”, propose Trinity du groupe “Animation sur ardoise”. Phrase par phrase, les élèves planifient chaque instant de leur film, font des dessins, décident qui amène quoi et comment s’organiser pour le tournage. La journée se clôturait et toutes les décisions étaient prises, maintenant il nous restait à nous les intervenants à préparer tout cela pour la semaine qui suivait, les deux semaines de tournage.  

Ça y est, le grand moment est venu : nous commençons enfin nos tournages ! Dans les quinze jours à suivre chaque groupe aura au moins une journée complète pour tourner, photo après photo, leur film. La première journée a encore été consacrée entièrement à la préparation de personnages, décors et accessoires. Petit à petit notre salle d’atelier prend vie, au fur et à mesure que les groupes viennent, font des recherches de photos, les impriment et découpent, bricolent, construisent et expérimentent... En effet, par moment il y a quatre groupes de travail dans les quatre coins de la pièce en train de préparer ou tourner soigneusement leurs films. Le deuxième jour de cette période est encore une journée spéciale. Les CM2 s’absentent pour découvrir leur nouveau collège, nous restons seuls avec les 7 élèves de CM1. En plus, ce jour là Elise Goisneau et Nancy Rousseau de l’Atelier Médicis nous rendent visite. En début de journée, les élèves découpent encore des éléments pour leur film (une animation à plat), dessinent et peignent des décors, avant de commencer à animer leur film sur le tout nouveau banc-titre qu’Uli a construit et amené. Un banc-titre ? C’est une table avec plusieurs plateaux de verre qui permet d’animer des images à plat et qui permet de bouger indépendamment l’un de l’autre l’arrière plan, le 2nd et le premier plan. Quand la cloche de la récré sonne les élèves semblent oublier qu’ils étaient à l’école. “On peut rester s’il te plait ?”-demandent-ils à Uli. Aucune envie de sortir, l’animation, “c’est trop cool”. Nous sommes ravis de voir nos animateurs en herbe si enthousiastes. Deuxième jour de tournage : les petites bricoles commencent. Pour cette journée nous avons prévu de tourner trois films en parallèle. L’un avec des Legos, l’autre avec des Playmobils, puis le troisième sur ardoise. Nous nous sommes imaginés que ce dernier allait prendre plus de temps que les autres, donc les élèves devaient commencer rapidement à faire leurs premiers plans. D’un côté, un élève d’un autre groupe sauve le tournage en Lego et amène tout un garage Lego entier. De l’autre côté, le groupe Playmobil constitué de deux filles nous a pris à la lettre quand elles prennent “pleins pleins pleins de photos”: 60 photos pour qu’un Playmobil ouvre une porte” - le perfectionnisme de ces deux filles est exemplaire. Les dessins sur le tableau avancent également petit à petit et à la fin de la journée nous nous rendons compte du chiffre record de 2300 déclenchements de photos sur 3 appareils. Nous rentrons - fatigués mais fiers - de cette première semaine de tournage bien réussie. La deuxième semaine commence avec une chanson. Oui, les élèves vifs et curieux ont retenus que c’était l’anniversaire d’Uli ce jour-là. Dès le matin, les classes l’accueillent avec un “Happy Birthday” en chœur, des dessins, des affiches et surtout, de très très bonne humeur. Sur le programme du jour : Un tournage en extérieur autour d’un mini-potager avec un nain de jardin, une poupée et des tomates. De l’autre côté, animation sur tableau et le tournage d’un film en papier découpé avec un crabe et des bouchons de coca.  

Petit à petit tous les groupes se rendent compte du travail fastidieux que requiert la technique image par image, mais à la fois de la magie de voir ces personnages prendre vie dès que l’on regarde les photos s’animer. Chacun prend un rôle, le caméraman, le preneur de photo, et ceux qui font bouger les éléments scéniques. Nous les accueillons par petits groupes de trois/ quatre afin que chacun y trouve sa place.

Cette semaine nous nous sommes logés directement sur place à Port Saint Louis et profitons d’une journée qui vaut de l’or : une journée de préparation dans les lieux de tournage. Pendant une journée nous expérimentons en tranquillité et confectionnons deux décors plus laborieux : une machine à glace en carton sur une place à Malte, qui est sensée déborder de glace à la vanille (réalisée en SLIME, préparée à la maison par une des élèves.). Et un stand de bonbons en miniature, qui jouera un rôle important dans l’histoire d’un petit garçon en pâte à modeler.

Le lendemain, rendez-vous pour l’équipe “Manteau”, qui tourne un film en pixilation style roman-photo, pour accompagner le récit d’une maman qui petite s’est échappée de l’école.

De l’autre côté, la place de Malte s’anime au fur et à mesure que le SLIME gluant coule doucement de la machine à glace pendant que les enfants injectent de plus en plus de la matière gluante à l’aide d’une seringue.

Et les courageux élèves du groupe “ardoise” dessinent...et dessinent….et dessinent.

Uli remarque sans exagération : “J’ai rarement vu des élèves si impliqués qu’ici !”  Le travail avec les élèves est un vrai régal et dès que nous entrons à l’école nous nous retrouvons entourés d’enfants qui veulent que ce soit leur tour aujourd’hui.

Le vendredi arrive et nous courons un peu contre la montre. Le dernier jour avant les vacances de printemps nous accueillons encore le dernier tournage - et cette-fois ci pour animer des marionnettes en fil en fer, recouverts de pâte à modeler, devant un fond vert. A côté, nous revoyons presque tous les groupes afin de tourner les dernières scènes manquantes selon les storyboards et réalisons un timelapse de la courbe du soleil qui contourne l’école.

Après deux semaines bien chargées, des préparations expresses, et une collaboration très bienvenue de la part des élèves, nous réussissons avec eux à terminer tous les tournages juste avant 16h30 - bonnes vacances !