Le projet « En secret... » s´inscrit dans la continuité de ma recherche dans le champ du documentaire animé, mêlant le son documentaire et des témoignages audio à l’animation image par image). Il vise à créer un court-métrage animé avec les élèves en partant d´une série de courts entretiens autour d´un thème qui leur semble "secret", par exemple l'usage d'internet et l'immersion dans les jeux en ligne. En combinant image animée et témoignages documentaires, je souhaite mener une réflexion parallèle sur l'importance de notre image et du droit que nous avons sur elle.
Je développe depuis plusieurs années une pratique dans un champs qui me fascine et qui est encore peu connu: le documentaire animé. Cette affinité est animé d'une part par ma fascination pour la vraie vie, les vrais gens et le documentaire en soit, et d'autre part par ma passion pour la création de films d'animation image par image - permettant créer des univers fantastique dans lesquels tout est possible. La première fois que je me suis essayé à cette forme de création était quand j'ai commencé les recherches pour mon premier long-métrage "Cürük - The Pink Report". Avec ce film, j'ai voulu mettre le doigt sur une violation de droit de l'homme qui se produit en Turquie lorsque de jeunes homosexuels se font réformer de l'armée - avec des méthodes de "diagnostique" très ambigus... Lorsque j'ai cherché des protagonistes pour ce film, touchant un sujet de tabou- plusieurs personnes m'ont proposé de témoigner, mais sans être filmé. En premier j'ai donc réalisé un court-métrage basé sur un seul témoignage - animé entièrement en Lego. Le fait de devoir ré-penser l'image uniquement à partir du son, et de varier entre mise-en-scène du témoignage et de l'émotion qu'il évoque, m'a permis de créer une piste visuelle forte et émotionnelle sans passer par des images de "choc" telle que l´on pourrait les attendre dans un reportage classique. Lors de mes recherches, j'ai également pu découvrir l'immense pouvoir de l'image animé pour libérer la parole des personnes interviewés. Même si mon long-métrage a finalement porté un autre langage visuel plus approprié au sujet, c'est depuis 2010 que je continue à faire des expérimentations sur la frontière entre documentaire et animation. En 2015 j'ai eu la chance de réaliser une résidence artistique à la Rochelle pendant 3 mois, qui avait comme mission de réaliser un documentaire avec des jeunes de plusieurs centres sociaux de la ville sur le thème imposé "Imagine la réussite". Cette expérience a été très positive, notamment car le cadre de temps plutôt large a permis de créer un vrai lien avec les jeunes. Lors de la création du documentaire, un garçon du groupe voulait partager un témoignage très personnel : Il racontait comment il avait découvert que son grand frère "dealait" de la drogue, et comment il a pris la décision de ne pas faire pareil que lui. Ce témoignage avait pour moi une immense valeur car il était tout honnête et authentique - mais c'était bien sûr pas possible de montrer le garçon dans le film, sachant que le documentaire allait être projeté dans son quartier. Nous nous sommes donc servi des figurines Playmobil pour créer une piste visuel pour ce témoignage. Et même si cette partie du film est finalement assez courte et atypique - elle ajoute un "poids" et une honnête à ce film que je juge primordiale. Depuis l'an dernier je mène par ailleurs un projet intitulé "Mad in Marseille", qui se réalise avec les membres de l'association Filmfabrik pour laquelle je travaille actuellement. Ce projet cherche à créer une série de courts épisodes de documentaires animés autour du thème de la "folie" marseillaise. Projet crée entre adultes, il comporte bien sûr un clin d'oeil sur la manière, dont certains choses se passe tout simplement pas comme ailleurs dans la cité phocéenne. L'idée est donc de combiner des témoignages des habitants Marseille sur leur ville avec des images créent exclusivement en animation, et ceci notamment à base d'objets recyclés, récupérés dans la ville. Ce projet associatif - toujours en cours de production - m'a une fois de plus donner envie d'aller plus loin dans le champ du documentaire animé - et ceci notamment avec des élèves. Cela fait par ailleurs maintenant 7 ans que je me dédie au film d'animation, est ceci surtout dans le travail de médiation, animation et éducation à l'image avec des jeunes publics. A travers les dernières années j'ai pu découvrir et perfectionner un grand nombre de techniques pratiques et de questionnements théoriques à la fois, aussi bien sur le cinéma d'animation comme matière artistique, et sûr sa transmission vis à vis des élèves. En ce qui concerne le thème du projet proposé, "En secret...", l'idée est de travailler autour des secrets - dans son sens le plus large. Le secret c'est l´intimité. Dévoiler un secret, c'est un peu comme dévoiler son côté le plus personnel, le plus profond. Mon approche consiste à tout d'abord créer un rapport de confiance pour que les personnes (que ce soit des adultes ou des enfants) se sentent en sécurité pour partager quelque chose qui leur est propre, cher et qu'ils n'oseront pas dire devant tout le monde. Il y a différents types de secrets: Ceux qui peuvent faire effondre un vie entière - et des petits secrets de la vie quotidienne - qui n'ont de réel importance que pour nous mêmes. Dans mes documentaires je m'intéresse aux "petits gens" et leur vie ordinaire, et dans ce projet je m'intéresse également et exclusivement aux "petits secrets" de la vie quotidienne. Je traite, bien évidemment, avec la plus grande discrétion les secrets qui me seront confié - et il ne s'agit bien sûr pas de démasquer des personnes mais plutôt de créer une réflexion approfondie sur les secrets que nous avons. Je m'imagine peut être une dame témoigner qu'elle adore se lever la nuit pour manger du Nutella à la cuillère à soupe, ou un monsieur raconter qu'il regarde toujours de temps en temps des dessins animés. En ce qui concerne le travail avec les élèves, je souhaiterai au paravent établir un thème avec les professeurs qui leur semble pertinent et de l'actualité pour leurs élèves, tel que par exemple l'immersion dans des jeux vidéo. Pendant le temps de recherche et d'expérimentation je souhaite moi même recueillir des témoignages et m'inventer un univers en animation qui va avec. Cela pourra être une manière intéressante de rencontrer des personnes autour de l'école où je serai implantée, et me permettra de mieux préparer le travail avec les élèves. La réalisation du temps de recherche et d´expérimentation pourra soit faire partie de l'objet filmique réalisé avec les élèves, ou juste "rester" un expérimentation qui aura mené au film réalisé avec les élèves. Mon focus se pose donc clairement sur l'échange avec les enfants, sur leurs idées et associations et mon travail artistique se place au moment de "traduire" ces idées d'enfants en images animés.
Par le(s) artiste(s)