Sortie des classes dans le Sahara Algérien

12 février : Partir dans le désert

Publié par Pauline Murris

Journal du projet

12 février.

Après un petit échauffement physique et vocal, nous commençons un travail de « chute » (décomposition du mouvement de la chute en 7 puis 5, puis 4 puis 3, puis 2, puis 1 temps), qui nous servira plus tard pour jouer l’évanouissement dans le désert.

Les enfants se prêtent au jeu et s'amusent beaucoup. Certains ont l'habitude de feindre d'avoir mal et sont particulièrement à l'aise.

C'est plus difficile de réaliser des traversées muettes. Le corps est traversé par différents états, il doit faire face à divers éléments (une tempête de sable, un orage, une pluie torrentielle, vouloir aller quelque part et faire volte-face, marcher dans une chaleur éprouvante, avoir mal au genou, traverser un champ de scorpions…).

Pendant ce temps, des « bruiteurs » sont en charge du vent, du sable, de l’orage…

Les états de corps ne sont pas faciles à trouver, les enfants ont tendance à se « précipiter » dans l’exercice, sans vraiment le vivre. Il faut de l’écoute, de la concentration, un calme intérieur que les enfants vont apprendre à convoquer au fil du temps. Ils sont plus attentifs lorsqu'ils passent un par un.

Nous terminons la matinée avec du grommelot, en ajoutant de nouvelles contraintes. Un lieu (aéroport, gare, le désert...), une situation (une rencontre, un évanouissement..), un enjeu clair (un conflit, des retrouvailles...). On gravite autour du thème du voyage, du « passer inaperçu », de la rencontre en terre étrangère.

L’enjeu de ces premiers jours est de construire un imaginaire collectif et commun autour de notre histoire.

Les « traducteurs » doivent apprendre à ne pas raconter ce qu’ils voient, mais à « traduire » les dialogues des protagonistes. Certains enfants sont très à l’aise dans l’exercice, très inventifs. D’autres ont plus de mal avec l’oralisation et l’improvisation en direct, ils préfères « vivre » la situation.

L’après-midi, nous offrons à chaque enfant un petit « carnet de route », dans lequel chacun pourra écrire/dessiner ce qu’il veut, en toute liberté. Les enfants sont ravis, ils se sentent « écrivains ». Ils sont habitués à des « training » d’écriture avec leur maîtresse, et se prêtent au jeu immédiatement.

Nous leurs expliquons que nous n’avons pas encore de texte pour le spectacle, et qu’ils vont devoir nous aider par leurs écrits.

Le premier jeu d’écriture que nous proposons consiste à écrire pendant 20 minutes à partir de la phrase : « Partir dans le désert ». Les enfants sont libres d’écrire ce qu’ils veulent, aucune forme n’est imposée.

Lorsqu’un enfant considère qu’il a terminé d’écrire son texte, il part avec Baudouin en « interview » ou alors reste dans la classe et dessine sur une feuille blanche le désert du Sahara, tel qu’il se l’imagine.

Quand nous récupérons les carnets le soir et découvrons leurs textes, nous sommes agréablement surpris. Nous avons pris soin de ne pas trop nourrir leur imaginaire du désert, pour qu’ils puissent incorporer leurs fantasmes et leurs rêves dans leurs écrits et leurs dessins.

 

Dessine-moi le désert