Sans presse, pas d’imprimerie mobile. Je choisis de démarrer mon travail par un état des lieux de l’existant en matière de presses de petit format. À la BNF, à la bibliothèque Forney, sur Gallica, je plonge dans l’histoire des presses miniatures, presses jouets, presses pour amateurs, pour enfants, et autres presses de voyage. Des modèles aux noms fleuris : « The Pocket Press », « Everybody’s Press », « The People’s Press », « The Novice », « La Mignonnette »…
La plupart du temps, il s’agit de presses à volet munies d’une charnière et parfois d’un rouleau encreur. Mais on trouve également certains modèles à cylindre et à bras.
Dès 1769, une presse portable de James Sutter permet à la jeune noblesse anglaise de « se familiariser aisément avec les Poètes et les Auteurs, en réimprimant leurs œuvres, renforçant ainsi la mémoire et améliorant la compréhension »
La deuxième moitié du XIXe siècle voit la naissance d’un marché de l’imprimerie petit format pour les loisirs de la bourgeoisie, puis de la classe moyenne. Les presses Albion en version miniature sont produites en série. C’est un de ces modèles qui sera utilisé par l’explorateur Ernest Shackleton pour son expédition en Antarctique en 1907. À bord du Nimrod, il fait installer une imprimerie miniature avec laquelle son équipage et lui publieront le livre The Aurora Australis, intégralement fabriqué à bord (écriture, illustration, tirage et reliure). Les presses amateurs sont également utiles aux artisans, aux petits commerçants, pour réaliser leurs cartes de visite et leur papeterie.
« Une presse-jouet pour enfants peut devenir une arme de guerre si elle est utilisée pour imprimer de la propagande derrière les lignes ennemies » écrit James Moran dans Printing Presses. Les expéditions militaires et les missions religieuses font usage de presses miniatures pour produire et diffuser leurs écrits : au Groenland en 1793, dans le Mississippi en 1798…
Des plus rudimentaires aux plus ingénieuses, ces petites imprimeries ont été mises au point jusqu’aux années 1980. Avec elles, les enfants apprenaient à composer et imprimer leurs journaux, cartes de visite et invitations à des goûters d’anniversaire.