Entre Vierzon et Lit-et-Mixe, un « N » à l’envers.
Entre Vierzon et Lit-et-Mixe, un « N » à l’envers.
Ce « N », c’est l’une des lettres d’un panneau situé sur ma route à mi-chemin entre les Landes et le Centre. Comme une sorte de rituel, je le photographie à chaque passage. Il rythme mes allers et venues en résidence ici à Lit-et-Mixe.
Lors de mon avant-dernier retour au mois de mai, le commerce avait ouvert. Un camion aménagé proposant des frites, sandwichs et glaces. Je m’y arrête pour prendre une nouvelle photo, comme d’habitude. Me voyant avec l’appareil, le jeune propriétaire du camion me demande pourquoi je photographie son panneau. Il pense que c’est à cause du « N » à l’envers. En vérité, je ne l’avais même pas remarqué depuis tout ce temps car je photographie l'autre côté de l'enseigne, celle qui est exposée au soleil aux heures où je passe.
Cette question est l’occasion de discuter en mangeant mes quelques frites et de faire la connaissance de Jules. Il me raconte alors l’histoire de son panneau. C’est lui qui l’a fait, sauf qu’au moment de peindre, il prend des cours de russe et voyage régulièrement en Ukraine… Le pinceau à la main, complètement absorbé par ces deux occupations très passionnantes, Jules a donc confondu le « N » français avec le « И » à l’envers de l’alphabet cyrillique.
Cette erreur est l’occasion pour lui de raconter une histoire, et maintenant qu’il parle couramment russe, c’est un clin d’œil aux camionneurs Slaves qui s’arrêtent chez lui pour son bilinguisme.