Récolte des paroles

Récolte des paroles sur la place du village

Publié par Anaëlle Cloarec

Journal du projet

Bien que confinées, nous rencontrons peu à peu les habitants du village lors de nos sorties hebdomadaires dans le périmètre de 1km autour de notre lieu d’habitation. Sur la place du village, les 4 cafés sont fermés, mais au Bel Fiuritu, les chaises et les tables sont encore sorties, et parfois des habitués s’y assoient pour attendre les pizzas à emporter de la Mustaccina (restaurant qui proposait des plats à emporter) ou simplement pour discuter, même s’il n’y a plus rien à boire. À force d'allers-retours face au café, nous finissons par rencontrer Jean-François le gérant du bar et Marc, son cousin qui y travaille.

récolte sur la place

Nous leur expliquons les raisons de notre présence au village, le projet “cabane à histoires” qui devient “histoires d’eaux”, nous les questionnons au sujet de leur propre histoire dans le village, et celles qui pourraient nous être utiles. Jean-François et Marc accueillent notre projet avec beaucoup d’enthousiasme.

Marc nous prête deux tomes de “Tempi fà”, un recueil documentaire des traditions sur l’ensemble de l’île, et Jean-François nous introduit progressivement à différentes personnes. Nous commençons à connaître du monde.

La correspondance avec les enfants n’est pas fructueuse car les institutrices sont débordées par la situation et n’ont pas le temps de nous transmettre les recueils des enfants. La participation est un élément clé de notre démarche, et nous décidons de trouver un moyen d’aller à la rencontre des habitants, malgré les mesures de restriction au sujet des rassemblements, pour recueillir leurs histoires.

Nous imprimons un fond de carte vierge, et déterminons les grandes thématiques que nous avons ciblées:

 

-l’hydrographie

-la géographie

-les infrastructures anciennes

-les infrastructures urbaine “gestion de l’eau”

-les infrastructures fonctionnelles urbaines

-les infrastructures domestiques

-les usages liés à l’eau

-l’eau toute puissante (ses dangers, ses vertues, les croyances, les phénomènes naturels)

-la pêche et vie aquatique

-les histoires (légendes, souvenirs, anecdotes, …)

-l’agriculture et le monde végétal

récolte des paroles habitantes

Munies de feutres couleurs et de post-its, avec la permission de Jean-François, nous nous installons sur les tables et chaises de son bar fermé.

Nous sommes au milieu de la Piazza Nova, la place centrale du village. Nous n’avons pas le droit de former un rassemblement de plus de hui personnes dans l’espace public, il y un peu de passage, les habitants se croisent pour aller aux poubelles, à la poste, ou simplement pour s’asseoir près de la fontaine.

Quelques personnes viennent nous voir timidement, et progressivement un petit groupe se forme autour de nous.

On débat sur l’aigle de la fontaine napoléonienne “Certains disent qu’il prend son envol”, “moi je pense qu’il arrive”, sur les usages personnels “je prends de l’eau à la fontaine tous les jours”. Au bout de quelques heures nous avons collecté un bon nombre de nouvelles informations, et rencontré de nouvelles personnes.