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A propos de Federica Z et d'empreinte numérique.

Publié par Alison Cosson et Raphaële Carril

Journal du projet

A la mort de l'architecte mexicain Luis Barragan en 88, les archives de toute sa vie de travail sont vendus aux enchères. Le Mexique ne les achète pas. Le Mexique n'a pas les moyens. Le directeur de l'entreprise Vitra en Suisse, en fait l'acquisition. La légende dira que c'est un cadeau de fiançailles pour sa femme Federica spécialisée en architecture. Dès lors, celle-ci en refusera presque systématiquement l'accès à tout historien(ne) de l'architecture, galerie et autre étudiant(e)s intéressé(e) par Barragan les gardant précieusement pour elle. En 2016, Jill Magid, artiste américaine interpellée par l'histoire propose un deal à Federica : La restitution des archives de Barragan au Mexique contre un diamant monté sur une bague fait à partir des cendres de l'architecte. Choisir entre détenir le corps ou la vie. Le diamant est fait. Le deal est encore en cours actuellement. L'ensemble des éléments du deal existe sous le titre Barragan'archives. Cette histoire est notre point de départ.

Stones against Diamonds


 

DANS LA BARRE DE RECHERCHE je tape Federica Z, je cherche les traces, je me demande si Federica Z n'est pas une idée que l'on se fait, quelque chose qui n'existe pas. Volubile, sans traces Federica Z et pourtant. Il existe quelque part quelque chose comme Federica, quelque chose comme l'image de Federica Z, italienne, peut-être. Il n'y a nulle part écrit sur google ni ailleurs que Federica Z est née un jour, quelque part. A grandi un jour quelque part. Les photos disent que ce devait-être dans les années 60 quelque chose comme ça. Les photos disent, cet âge ni vieux ni jeune, l'âge intermédiaire. Les photos mentent quoiqu'il en soit. Quelques petits signes sur le visage. Les photos ne disent pas que Federica Z cache depuis vingt ans toute la vie de Luis Barragan dans un abri antiatomique. Antiatomique. En 96, il est vraisemblable que l’abri antiatomique situé sous la société Vitra n'a plus que le nom de la promesse qu'il donnait pendant la guerre froide et la forme d'une forteresse. Inviolable Luis Barragan. Et ses archives dans un trou à l'abri de la lumière. Des regards. Anti-marketing.

FEDERICA Z. Maîtrise parfaitement l'espagnol. Et le sens des images en miniatures instagram. Antiatomique. Federica est italienne c'est clair. Directrice d'une fondation Barragan auto-proclamée. La soixantaine environ. Federica est-elle colonialiste ? Protectioniste ? Conquistador disent-ils. Mexicains. De Federica Z et de son mari revenu du Mexique les archives de Luis Barragan sous le bras enfermées désormais. dans un abri antiatomique. En Suisse. Europe. Conquistador. Je me demande si elle a donné le double des clefs a quelqu'un au moins.

SUR L'ECRAN je fais défiler les images de l'Instagram de Federica. Vanités, peintures de Botticcelli, un plat de viande et quelques images d'une Suisse enneigée. Le 15 mars la couverture d'un livre de Lina Bo Bardi Stones against Diamonds « Diamonds are not necessarily best friends. She clearly preferred stones » # Thinking comme légende. Tentative de réponse ? Cinq jours plus tard des mains et. Un énorme diamant rose à l'annulaire droit. #thinkaboutit. Je ne sais plus. Il y a probablement de la sincérité sur le visage de Federica Z quand il apparaît sur l'écran. Refuser de faire des images ensoleillées, couleurs contrastes de Barragan un objet de marketing. Federica Z est-elle alter-mondialiste. Aimer la beauté d'une chose rien que pour soi. Sincère et persuadée que d'autres ne comprendraient pas. Probable révolutionnaire. Peut-être que Federica Z a peur de disparaître. Engloutie par. Une absence au monde.