Improvisations

Février : Seconds ateliers

Publié par Julien Breda

Journal du projet

En février, nous travaillons séparément avec les CM1 et les CM2 pour être dans un rapport plus intime avec eux. Nous organisons les deux séances de la même manière et laissons plus de place à des discussions ouvertes.

LUNDI 27 FÉVRIER et MARDI 28 FÉVRIER

Avant de commencer, nous souhaitons les interroger sur le fait que peu d’élèves ont choisi de s’identifier aux personnages oisifs (voir exercice de transposition lundi 28 janvier). Il est important de leur dire que dans le cadre de notre fiction, il ne faut pas choisir les personnages et les actions en fonction d’un jugement (moral ou scolaire) ni rester dans une perspective réaliste. Nous voulons leur faire comprendre que ce type de personnage peut apporter un contre-point intéressant aux personnages plus sérieux et plus organisés dans le cadre de la fiction.

Certains élèves décident alors de changer la distribution pour incarner ces personnages.

Nous leur proposons ensuite un exercice complexe visant à leur faire élaborer une trame narrative à l’oral, qui résume notre film en convoquant à la fois la mémoire (résumer les œuvres de référence) et l’improvisation (utiliser les situations inventées par eux à Villeparisis).

En cercle, sur le principe d’un passage de relai, chaque élève propose une situation qui vient s’ajouter à la suivante. L’exercice s’avère difficile pour les CM1, qui ont besoin de faire deux tours dédiés d’abord au souvenir, puis à l’invention, tandis qu’avec les CM2 nous nous concentrons d’avantage sur la cohérence narrative et la conclusion de l’histoire.

Avec Mathilde, nous essayons de les guider sans rien proposer mais plutôt en les questionnant. Cet exercice d’invention nous permet de travailler sur la cohérence d’un récit commun en même temps que sur différentes histoires parallèles de personnages. 

Texte écrit pour imaginer "l'avant" du film

Ensuite, nous leur demandons de penser au « hors champs » du film : l’avant et l’après de l’histoire. 

Tout d’abord, nous leur proposons un exercice écrit, pour qu’ils imaginent les raisons ayant mené à la situation initiale du film, à savoir un monde sans adultes ; puis nous leur proposons une discussion ouverte sur les fins possibles du film. 

Reflexion autour de l'avant et après de l'histoire

Ainsi nous passons la journée à solidifier le film sans entrer dans les détails de l’écriture, pour que les élèves comprennent la force d’évocation d’une trame et d’un récit schématique, dont ils peuvent s’emparer aussi bien collectivement qu’individuellement. Nous nous quittons sur l’idée que tous partagent désormais la même histoire, mais que chacun peut l’envisager à sa manière.

Improvisation collective

JEUDI 29 FÉVRIER

Dans le prolongement des séances précédentes, nous reprenons les échauffements et les exercices visant à faire naître une émotion et à la représenter physiquement (sourire, froncement de sourcil, signe de la main etc…). Le nouvel objectif de cette séance est d’amener l’émotion dans le cadre d’une situation de jeu, par une simple improvisation.

L’échauffement consiste à concentrer l’élève afin d’obtenir un état d’ouverture, de calme et de disponibilité. Allongés sur le sol, les élèves sentent leur respiration, l’alignement de leur squelette, font des vocalises et les harmonisent en groupe. Ils sont à l’écoute de leurs sensations. Ils ont en mémoire le travail effectué en janvier et nous pouvons revoir certains points avec eux.

Dans l’échauffement, nous insistons particulièrement sur le moment où les élèves doivent descendre au sol en plusieurs étapes. Nous leurs demandons d’être attentifs à la manière dont ils posent leurs membres sur le sol, dans quel ordre afin d’éviter les efforts inutiles, leur équilibre et la délicatesse du mouvement pour faire le minimum de bruit. Cela met en place une sorte de vitesse commune intéressante pour le déplacement des personnages que nous envisageons dans le film.

Improvisation collective

L’improvisation consiste à créer des situations de jeu en duo à partir d’actions données. Chaque situation est écrite sur des post-its de grandes taille (photo), et nous laissons les élèves s’organiser entre eux pour choisir le rôle.

1 : un enfant seul dans la forêt / un ami arrive / l’enfant 1 le reconnaît, soulagement / l’enfant 2 ne le reconnait pas, étonnement, méfiance / l’enfant 1 est vexé, triste

2 : un enfant occupé (à faire à manger sur le feu) / un autre enfant arrive, affamé mais trop apeuré pour s’approcher / le premier lui fait de la place et découpe à manger pour lui, le 2ème enfant le rejoint et s’assoit

Nous faisons passer plusieurs duos. Nous observons avec Mathilde comment les élèves s’emparent de tous les outils pour créer une situation sans paroles et comment ils s’autonomisent sans nous consulter.

Nous finissons par une improvisation collective : un avion passe dans le ciel et les élèves réagissent en fonction du groupe qu’ils ont choisis (les sérieux, les naturels et les oisifs).

Cette improvisation mène à la composition d’un tableau vivant qui nous frappe par sa cohérence et sa variété : les élèves ont formé spontanément des petits groupes ou sont restés isolés dans des actions plus personnelles (les sérieux font mine d’agiter du feu pour alerter l’avion, les naturels se bouchent les oreilles comme si l’avion les effrayaient, les oisifs contemplent la scène d’un air détaché).