Phase de re-dessin à partir des ateliers avec Axelle Grégoire
Chaque session d’atelier entreprise avec les élèves a donné lieu à une phase de re-dessin de la part d’Axelle Grégoire pour fabriquer la carte du territoire commun, le paysage partagé de la classe.
Le code couleur proposé aux participants (rouge = base, vert = terrain d’habitude, bleu = territoire élargi) a facilité la retranscription et l’organisation de tous les terrains de vie les uns par rapports aux autres. Chaque séance était l’occasion d’ajouter des données au dessin.
Ainsi tous les points de vie ont été disposés autour d’une ronde incluante, chacun avec son territoire, son terrain de vie. Au centre de cette ronde se trouve le territoire partagé dans lequel se développe l’espace-temps de l’école et plus précisément celui de la classe. Espace protéiforme qui prend une importance différente selon les élèves. Chacun est relié à Héloïse Masson, leur enseignante mais aussi à toute l’équipe qui porte le projet artistique (Rose, Noémie, Axelle et Élise) auquel il participe. En effet, au centre se trouve cette zone blanche, qui les a occupés durant l’année. La zone centrale est donc à la fois celle du projet en train de se faire, cet espace-temps en co-construction mais aussi le réceptacle des imaginaires autour de ces zones mystérieuses, protégées des ondes, invisibles dans les cartes.
Un « hors-monde » central, un espace de projection que la carte invite à continuer d’explorer.
Ce qu’il est intéressant de noter dans cette image, c’est l’importance pour chacun de l’espace domestique autant que la capacité à se projeter dans d’autres espace-temps (futurs ou imaginaires) moins réalistes. Au moment de dessiner leur territoire d’habitude, certains ont rapidement demandé : « Est-ce que l’on peut rajouter les rêves ? ». La porosité entre réalité et imaginaires est quelque chose de complètement acté chez les élèves.
L’autre constat, c’est leur difficulté à décrire le paysage du quotidien. Leur territoire est composé de spots (la maison, l’école) distribués dans un espace vide. Pas de route, pas d’agriculture, pas de description du paysage urbain, pas de boisement ; en fait pas de territoire.
Cet espace liquide dans lequel ils flottent, ce vide qui résiste aux mots abrite alors des communs à investir que cette carte a entrepris de révéler : le paysage des ressources, le paysage des loisirs, le monde virtuel qu’ils partagent parfois déjà par les jeux vidéo. Petit à petit les communs se dessinent ; le supermarché Leclerc qui semble un détour indispensable, les fils électriques qui traversent la ville, les champs que l’on a finalement aperçu depuis les fenêtres de la voiture, le grand arbre qui a été coupé dans la cour et qui manque depuis, la forêt cadre d’une randonnée où on aurait pu se perdre, les oiseaux du Parc Naturel, la Nièvre qui est tout près…
Cette carte est à la fois un outil pour documenter l’expérience mais également un support pédagogique pour analyser les différentes familles de territoires enchâssées autant qu’un moyen pour voir, étape par étape, comment les cartes se fabriquent. La carte est toujours un point d’étape, une visualisation de ce territoire partagé à un instant T car comme l’a écrit une élève, il faut laisser « du blanc pour les choses qu’il reste encore à découvrir ».