Noémie Fargier

ÉVEIL À L’ÉCOUTE

Publié par Elise Boch

Journal du projet
Paysagisme Sociologie Théâtre Arts Plastiques, Photographie

En mai, une nouvelle intervenante se présente aux élèves : Noémie Fargier, autrice et metteuse en scène, spécialiste du son. Le but de la séance est d’éveiller les élèves aux sons du monde qui les entoure, et de stimuler leur imagination par l’écoute.

« Quels sont les sons que vous préférez ? Quels sont ceux que vous aimez le moins ? » Les élèves sont particulièrement loquaces sur le sujet. Déjà, leur parole investit leur mémoire sensorielle, et les sensations auditives s’associent à d’autres sens, en particulier celui du toucher. Puis au cours d’un « blind test » peu commun, ils doivent distinguer différents bruits d’eau : celui de la pluie, d’un fleuve, d’une fontaine, d’une douche, d’une machine à laver ou d’un plat qui mijote. Certains entendent une cascade à la place une fontaine, un homme qui nage à la place du clapotis d’un fleuve contre un quai, et c’est alors l’occasion de constater deux choses : non seulement nous pouvons être « trompés » par les sons que nous entendons, mais aussi, ces sons éveillent en nous des images, des souvenirs, et tel est notre enjeu principal, pour la suite de notre exploration.

Les élèves se mettent ensuite dans une position confortable afin d’écouter une pièce sonore d’environ 10 minutes. Les morceaux choisis sont des « soundscapes » issus de l’album Weather Report de Chris Watson. Ils permettent, par la seule écoute, de réaliser un voyage intérieur dans des territoires lointain, et d’être comme plongés dans leur environnement. Le premier groupe écoute « Ol-Olool-O », situé au Kenya, et le second « The Lapaich », dans le nord de l’Écosse. Mais peu importe si les écoutants reconnaissent la géographie des sons. L’important est que ceux-ci éveillent leur imaginaire, les fassent voyager, et leur permettent de se raconter une histoire. À l’issue de cette écoute, les élèves écriront une lettre à un membre de leur famille ou à un ami pour raconter leur voyage. Partis seuls au bout du monde, ils font part de ce qu’ils ont vu et vécu, en s’inspirant de ce qu’ils ont écouté. Les élèves se prennent au jeu, racontent les nuées d’abeille, les troupeaux de chèvres, les ours, et situent leurs aventures au Brésil ou en Australie ! Si les enfants d’aujourd’hui ont moins l’habitude d’écrire des lettres que les précédentes générations, ils se prennent au jeu avec plaisir et entrent ainsi dans la fiction, tout en se familiarisant avec l’un des premiers médiums de télécommunications : la lettre.

La séance suivante permet de poursuivre cette stimulation de l’imagination par l’écoute, en convoquant un autre médium d’expression : le corps. Nous utilisons l’espace de notre salle comme une scène de théâtre, bordée de sièges de spectateurs, et la porte comme élément permettant d’entrer dans la fiction. Après une série d’exercices permettant de travailler l’intention d’une action en scène et d’introduire la notion de 4e mur, nous proposons aux élèves d’imaginer, par petits groupes, un scénario de jeu à partir de l’une des trois propositions suivantes.

1. Le grand nord.

Vous êtes défenseurs de la nature. Vous avez volé un phoque dans un zoo afin de le remettre en liberté. Malheureusement, vous n’êtes pas bien équipés et une tempête se prépare. Pour vous orienter, vous disposez d’une carte en papier.

2. La montagne.

Vous allez bientôt atteindre le sommet mais l’un.e ou l’autre du groupe est très à la traîne. La nuit va tomber et les loups se rapprochent. Pour vous orienter, vous utilisez un GPS.

3. La forêt amazonienne.

Vous êtes en expédition et l’un.e de vous souffre de fortes fièvres. Seule une plante rare peut sauver cette personne. Vous utilisez une boussole.

En plus de ces indications, nous diffusons, pendant chaque scène, un paysage sonore permettant de rendre le lieu de l’action plus concret, et avec lequel les acteurs interagissent. Les élèves se prêtent au jeu avec grand plaisir : ils associent ainsi l’aventure et l’invention, le jeu et l’imagination.