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EPISODE#3 - Les jeux sont faits, rien ne va plus !

Publié par Emilou Duvauchelle

Arts plastiques Sociologie Théâtre Scénographie, Philosophie, Arts du jeu

Après un week-end presque reposant, où nous avons découvert la maison du maire, mangé un nougat aux côtés du Lion de Belfort et joué aux dés sur le parking du Super U en attendant la fin de notre lessive, nous voici à franchir de nouveau les portes de l'Ecole des Sources...

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Résumé audio de notre 3ème semaine de résidence

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Le covid n'a pas épargné l'Ecole d'Evette-Salbert ; à l'automne, le protocole sanitaire s'est durcit et les parents devaient attendre leurs enfants devant le portail de l'école, en respectant la distanciation sociale. Nous remarquons au sol une série de points blancs, peints chacun à 1m de distance. Quoi de plus banal, effectivement, que d'attendre sa progéniture, en rang, face à la grille ?

Photo de la billeterie
"Bonjour ! Bienvenue au théâtre de l'Ecole des Sources !"

Le collectif s'est emparé de cet évènement aussi banal que quotidien ; des chaises sont alignées face au portail de l'Ecole, qui est vêtu, pour l'occasion d'un rideau de velours rouge. Musique de fond, billetterie, brochure de spectacle, chaises alignées, rideau, présentateur, tout porte à croire que l'on est au théâtre. Le matin même, nous avions distribué des billets aux parents venus déposer leurs enfants. Et comme chaque fin d'après-midi, des adultes commencent à s'attrouper devant la sortie de l'Ecole...

Mise en scène, la sortie de l'école devenait un évènement spectaculaire et tout le monde s'attendait à voir quelque chose d'incroyable.

Certains parents se sont même mis en télétravail pour la journée pour pouvoir y assister. Les enfants quant à eux, ne s'attendaient pas à être les acteur·rice·s du spectacle, et sont sorti·e·s sans faire de chahut, en rang, par deux, bien tranquillement (ce qui n'arrive pas si souvent....).

Chaque micro-spectacle est pour nous l'occasion de tordre certaines règles présentent à l'école et d'amener de la fiction dans cet espace du quotidien, une chose que les enfants font déjà très bien ; cette semaine était l'occasion de discuter avec eux et elles des jeux auxquels ils·elles jouent dans la cour, et des histoires qu'ils et elles s'inventent.

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Si notre projet a pour finalité de créer un jeu de société, à l'échelle du plateau et à l'échelle de la cour, nous utilisons aussi le jeu comme un outil de travail, pour rendre les exercices qu'on propose plus ludiques, et leur faire découvrir plusieurs mécaniques de jeu. Durant ce premier atelier, les enfants disposaient de cartes et devaient poser des questions à leurs camarades pour deviner à quel jeu chacun·e jouait. Le jeu de cartes devenait prétexte pour les faire parler et pour s'écouter. Nous avons chacune travaillé avec un groupe de 4/5 élèves, pour faciliter le dialogue.

Une fois les différents jeux récoltés, nous en avons sélectionnés quelques uns pour définir lesquels intégrer dans notre jeu commun ; lesquels pouvons-nous exploiter ? Nous avions organisé notre semaine comme suit :

Atelier 1, Récolte des histoires 

Atelier 2, Réalisation à l'échelle 1 dans l'espace de la cour

Atelier 3, Retranscription en maquette pour expérimenter à l'échelle du jeu de plateau.

Chaque semaine, pendant trois semaines, nous avions pour ambition de réitérer ce même planning, pour expérimenter et produire de la matière avec les enfants (planning que nous n'avons évidemment pas réussi à suivre, faute de temps et d'argent). Il nous paraissait également plus intéressant de leur apprendre à prendre le temps, et de se consacrer à une seule chose pour qu'il·elle·s s'appliquent et qu'il·elle·s soient fier·e·s de l'objet produit.

Mais cette semaine, le planning devait être suivi, avec tout l'enthousiasme et la naïveté de notre jeunesse ; équipé·e·s de pinceaux et de blanc de Meudon, les enfants ont dessiné une prison, un itinéraire pour les chevaux, ainsi que la mer et le bassin des sirènes de Macko. L'Atelier 3 allait ensuite permettre de retranscrire ces tracés en plan et en maquette pour évoquer l'échelle du plateau de jeu.

Mais comment représenter une prison ou une mer ? Quelle forme leur donner ? Quelle taille, quelle couleur, quelle histoire veut-on raconter ?

Nous aurons pour mission de retravailler ces dessins et de les peindre au sol les semaines suivantes mais ces tracés représentent déjà les premiers éléments de notre plateau de jeu.

Le troisième atelier de la semaine avait pour ambition d'évoquer la représentation spatiale à l'échelle d'une maquette. Pour fabriquer le plateau de jeu, il fallait parler avec les enfants de notions de proportions et d'échelle. Cet atelier nécessitait donc dans un premier temps, d'observer l'espace de la cour et de déceler ses caractéristiques.

23 numéros étaient cachés dans chaque coin, les enfants avaient comme tâche de retracer les différents points sur leur feuille en conservant les directions et en comptant les pas qui séparaient chaque point.

Chacune de leur carte était à l'échelle de leur propre corps ; 5 mètres devenaient 22 pas de Mathias, ou 28 pas de Salomé, ou encore 32 pas de Charles. Sur une feuille plus grande, les enfants ont redessiné au propre le plan de leur cour, en reportant les bons angles et en conservant les proportions : chaque pas était alors converti en doigt. Il·elle·s n'avaient plus qu'à poser leur doigt sur la feuille, comme il·elle·s ont posé leurs pas.

 

Pas de récré

Le jeu commence à prendre forme, mais il nous reste encore plein d'éléments à composer.

Heureusement, les enfants sont toujours autant motivé·e·s...