Semaine du 4 au 8 mars
J’arrive à Rachecourt-sur-marne le lundi dans l’après-midi. Je suis déjà venue la semaine dernière pour rencontrer Sonia, l’institutrice de la classe de CM1/CM2 et directrice de l’école. Je m’installe pour le lendemain dans une salle de classe qui a du fermé il y a quelques années. Les murs sont verts pommes il y a des petits meubles de classe en bois et en métal jaune — ça me plaît. C’est là que nous allons travaillé jusqu’à la fin de l’année.
Le lendemain — c’est mardi gras. Et comme tout les mardis matin, c’est l’heure du « Quoi de neuf ?»
mis en place par l’institutrice. Des licornes, des chevaliers, des sorcières, et d’autres animaux raconte tour à tour une actualité de la semaine : des faits divers un peu sordides, la tempête Freya, des cachalots échoués, les manifestations en Algérie et l’âge d’Abdelaziz Bouteflika, tout y passe.
Comme nous allons en partie utiliser cet exercice hebdomadaire pour le projet, j’ai déjà pour surnom « Mme Quoi de neuf ». Je suis contente de les entendre, on voit qu’ils ont l’habitude de se frotter à l’actualité.
Je me présente ensuite dans la salle du projet avec des petits papier découpés et manipulés. Jeudi et vendredi ça sera leur tour. [Cafouillage de vidéoprojecteur] Je leur montre ma collection d’objets réalisé l’année dernière pour l’épisode 1 d’à propos de ce qui se passe (à voir ici), on devine ensemble ce qu’ils peuvent vouloir dire.
Ils réagissent aussi à la maquette du futur « plateau télé» que je leur ai fabriqué, et me font déjà quelques suggestions.
[Vidéoprojecteur réglé à nouveau] Je leur montre quelques images. Il faut avouer que j’appréhendais un peu comment leur expliquer quel était mon métier — si il y en a qu’un. Mais passer par le pictogramme fonctionne — ça percute direct. Je leur montre les deux choses qui m’ont poussé vers le graphisme : les pictogrammes d’autoroute de Jean Widmer et l’Isotype d’Otto Neurath et Gerd Arntz. Il faudra que je pense à les accrocher dans la salle. [Les questions dérivent « t’as quel âge? » « comment t’es arrivée à Rachecourt ? » « Mais, on va passer à la télé ?»]
Je profite du mercredi pour faire un aller-retour à Chaumont, au vernissage de l’exposition « petits spécimens » du Signe et fixer la date de visite avec la classe. Les paysages traversés me plaisent, et leurs histoires m’intriguent . J’ai envie d’imaginer quelque chose autour du département — je pense à une série de cartes postales « documentaires ». Je fais quelques photos. Je dois aussi commencer à penser à un autre projet en lien avec Damas. Je tombe sur de la musique syrienne à la radio. De l’oud sur la N67 entre Joinville et Chaumont - il y a peut-être un lien après tout.
Jeudi, les enfants se mettent à préparer leur présentation. Je leur donne des pictogrammes qu’ils doivent « compléter » pour raconter qui ils sont, où ils vivent, ce qu’ils aiment le plus, ce qu’ils voudraient faire plus tard et ce qu’ils feraient si ils pouvaient changer le monde. J’avais prévu qu’ils utilisent uniquement du papier découpé mais ils se mettent tous à dessiner — et ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de leur empêcher.
Vendredi, il y a un peu d’appréhension à se présenter seul devant la caméra. Je leur laisse un peu de temps pour qu’ils se préparent. Et puis on commence. Ils ont tout à fait compris ce premier exercice et tout le monde joue le jeu. J’apprends à mieux les connaître. Nous accrochons tout les objets fabriqués dans la classe. Je repars de Rachecourt avec une heure de film — il faudra que je le monte pour qu’on le regarde la prochaine fois.