La figure du dictateur

« L’image est devenue le principal rapport de l’individu au monde qu’auparavant, il regardait par lui-même. » Guy Debord

Il convient tout d’abord de vous parler de notre rencontre.
Nous avons été danseurs pour un chorégraphe réunionnais sur une pièce traitant de la Nostalgie. Dans le travail de verbalisation de ce thème nous nous sommes découverts tout deux explorateurs et observateurs du Monde.
Par le voyage, nous questionnons notre existence et pensons viscéralement que la rencontre à l’autre permet une introspection personnelle et un enrichissement humain indéniable.
De ces longues soirées d’échange découla alors l’idée folle de créer un solo à deux dans un désir de mixité et d’échanges.
Ce projet que nous soumettons donc pour Création en Cours émane d’un désir d’exprimer une parole à deux voix et de tenter de bâtir ensemble un univers emprunt de deux filiations artistiques très différentes mais complémentaire.

De ces discussions sur nos expériences passées, nous avons été de nombreuses fois en réflexions sur les grandes disparités du Monde et notamment sur l’évolution de la Jeunesse.
Ainsi, très vite, nous souhaitons créer un lien à l’Histoire par la figure du Dictateur sous le prisme de la propagande moderne.

Avant d’expliciter notre pensée, commençons par vous donner notre définition de ces deux mots :

- Dictateur : figure qui aime la reconnaissance et l’estime des autres. Autoritaire, il dirige sans partage et impose aux autres ses décisions. Il peut être assez agressif pour obtenir ce qu’il veut. Il ne sait pas gérer ses émotions, et manque cruellement de respect envers ses interlocuteurs.
Il représente une véritable excroissance individualiste, un monstre social, enclin à une solitude forte.
- Propagande moderne : système de masse orientant l’opinion vers une façon de penser stratégiquement choisie.

Ces deux mots semblent aujourd’hui désuets et pourtant, ils ont su se transformer de génération en génération par la modernisation du Monde pour se retrouver omniprésent dans nos rapports humains comme une forme d’acceptation.
En quoi l’un et l’autre sont donc lié indissociablement dans notre inconscience commune ?

Et c’est cette jeunesse qui se retrouve donc pris au piège dans cette banalisation du lien à l’image toujours plus narcissique et inquiétante.
Il nous semble donc pertinent de créer du lien pour l’enfant entre Histoire et Observations sociales.

Le projet de création dépeignera alors le destin d’un Homme qui s’observe, plongé dans les méandres de l’égotrip, du moi, du Surmoi.
Nous assisterons à l’effondrement d’une dictature de l’image par le corps et par une utilisation scénographique excessive.
En quoi l’utilisation de l’image aujourd’hui s’ancre dans un rapport de propagande directe?

Nous chercherons à déterminer les mécanismes du Narcissisme pour trouver un langage corporel.
Nous tenterons de questionner notre rapport aux réseaux sociaux, à leurs impacts dans notre conscience collective, à l’annihilation de nos sens.
Aussi, par la danse, nous tenterons de mettre en jeux ces multiples tensions qui animent nos corps singuliers. Ce sera bien en lien à la question d’une personnalité, dans sa solitude face à son pouvoir sur la construction de sa propre image que nous travaillerons.
Il s’agira dans le corps de jouer des dualités pour qu’un monde s’effondre sans s’avoir ce qu’il en surgira.
Nous nous attacherons à ne pas imposer une parole, mais de mettre en lumière comment notre société fait face à une multiplication de l’image et s’imaginer une suite si ce monde venait à s’écrouler.

En entamant des discussions

Par Création en Cours, nous souhaitons récolter le témoignage de cette jeune génération qui servira à nourrir le contenu même d’une pièce en devenir qui se veux tout public (de 8 à 108 ans).
En entamant des discussions sur l’utilisation des moyens de communication de nos jours et sur des sujets d’actualité nous tenterons alors de révéler chez eux la force que représente un regard sur le Monde. Et l’enjeu d’un esprit critique.
Comment le lien à l’autre peut être un socle pour une appropriation de son propre corps ?
Repasser par le contact des sens et du corps comme une alternative au monde construit par l’image.

Nous souhaitons aborder ce sujet grâce à notre savoir-faire de chorégraphe ainsi que par l’aspect pédagogique que nous pensons pertinent pour une classe de CM1-CM2-6eme.

De plus, l’opportunité d’être rattaché à une école du DOM TOM isolé de la Métropole comme espérance ou dernier rempart nous semble cohérent avec notre projet artistique.

 Pour le projet autour de la "Figure du dictateur" que nous développerons donc à Mayotte, nous souhaitons enrichir notre approche chorégraphique par de la sensibilisation et une mise en valeur de la culture propre à Mayotte et plus particulièrement de la danse et de la musique traditionnelle mahoraise. La chance de venir à Mayotte et la richesse que cela présente artistiquement et humainement nous donne envie de d’orienter notre projet en faisant le lien entre dictateur et colonialisation, ou comment la dictature et la colonialisation procède sur le model, en décrétant de manière arbitraire et abusive la supériorité de certain individus par rapport aux autres ou de certaines cultures par rapport aux autres.