Un confinement rempli de lettres et d'imagination 4

Publié par Suzanne Dubois

Dessin d'Adrien

Adrien Bouffier

Il était une fois un homme. Il s’appelait Adrien Bouffier. Il n’avait pas de famille, il était seul. C’était un homme très particulier. Il n’avait pas de nez et donc pas d’odorat. Mais il avait bien d’autres choses. En effet sur les cinq sens il en avait un en moins mais aussi un surdéveloppé. C’était le toucher.

Adrien était ce que l’on appelle un nomade. Il passait son temps à gambader dans différentes forêts, de temps en temps il s’arrêtait dans un village mais c’était rare. Il s’était fixé un objectif de vie peu commun, il voulait protéger, venir en aide, à tous les arbres du monde. Alors il marchait sans cesse accompagné de son bâton de marche recourbé, pied nu et vêtu seulement d’un t-shirt et d’un jean. Si je devais parler de la peau de cet homme je dirais qu’elle était incroyable. Ses pieds étaient verts, recouvert d’écailles marronnes, sur son torse et son dos, les écailles étaient si grandes qu’il avait dû trouer son t-shirt pour les laisser sortir. Il n’avait pas de cheveux mais une couronne d’écailles. Il se disait souvent « Je suis sûr que ma mère est un crocodile ». Ses écailles étaient des capteurs qui pouvaient rentrer en communication avec les arbres et comprendre de quoi ils avaient besoin. Il parcourait les forêts, il embrassait chaque arbre avec son corps et il communiquait avec.

Adrien arrivait à comprendre si l’arbre avait besoin d’eau, d’un autre végétal, de plus de lumière, de plus d’humidité, de plus d’ombre. Puis il se mettait au travail pour donner à l’arbre se dont il avait besoin. C’est ainsi qu’il parcouru toutes les forêts du monde sous le surnom de « L’homme-croco qui rendait la nature heureuse. »

Dessin de Zoé

Zoé Bouffier

Il était une fois, en haute montagne une femme. Elle s’appelait Zoé Bouffier. Elle avait une grande moustache des yeux bleus pleins de vie, un nez rougit par le soleil, une canne trop petite, et elle vivait nue et pieds nus. Elle vivait en haute montagne, les étés étaient chauds et les hivers rudes. Elle avait déjà réalisé un de ses rêves les plus chers, elle avait redonné la liberté à ses moutons. Sitôt qu’elle avait libéré les parcelles des barrières et des filets, ses moutons s’étaient envolés dans le ciel vivre avec les nuages. Ils étaient très heureux, tous les jours ils remerciaient la bergère en lui envoyant des graines et des glands qu’elle plantait.

Marchant sur les sentiers incroyablement sableux de montagne en montagne (on ne savait pas comment du sable avait pu arriver jusque-là ) Zoé plantait toutes sortes d’arbres. Pour les fleurs c’était différent. Les graines qu’elle recevait du ciel étaient magiques ! La première fois qu’elle planta une graine, elle l’observa tous les jours. Une magnifique fleur rouge sortit, puis lorsqu’elle fut totalement ouverte elle scintilla comme une flamme. Elle s’approcha et la lumière vint sur elle, c’était une fée. Zoé n’en revenait pas, ces fleurs faisaient naître des fées ! C’était lors d’une de ces belles journées du mois de Juin que Zoé eu probablement le plus joli cadeau qu’elle n’ait jamais eu. Elle alla voir les fleurs et douze scintillaient. Lorsqu’elle arriva, les petites fées vinrent la butiner puis s’en allèrent dans tous les sens. Quelques-unes revinrent avec du sable noir des hautes montagnes et lui fabriquèrent des bottes directement sur ses pieds, d’autre rapportèrent du sable jaune des chemins pour lui tricoter un magnifique pantalon, d’autre arrivèrent avec des pétales de fleurs rouges pour lui fabriquer une double peau, d’autre encore étaient allées jusque dans le ciel pour demander un peu de laine aux moutons pour lui ajuster un joli pull bien chaud et les dernières revinrent avec un divin chapeau sculpté dans l‘eau d’une rivière. Zoé les remercia et leurs promis de les aider en retour.

Zoé n’en revenait pas. Elle avait, avec l’aide des moutons fait réapparaitre une espèce éteinte depuis bien trop longtemps. Elle vécut là toute sa vie en protégeant ses petites fées.

Dessin de Nathan

Nathan Bouffier

Nathan Bouffier vit en haut d'une colline majestueuse. Il a choisi de se rapprocher du ciel pour être au plus près de ceux qu'il aime et qui ne sont plus de ce monde...

Aujourd'hui, il a enfin fini de peindre la porte d'entrée de sa maison. Cette maison, il a mis une année entière à la construire et il n’en est pas peu fier !

Son jardin est recouvert d'une fine couche de laine épaisse, blanche, compacte et douce. Cette laine vient de ses deux moutons, Alphonse et Bertha. En effet, il se trouve que toutes les deux semaines Nathan Bouffier les tond avec amour et précision. Grace à eux, il va enfin pouvoir retirer ses bottes de chantier et marcher, sereinement, pieds nus sur son terrain.

Avant son arrivé (et cette idée de génie !), celui-ci était couvert de pierres et d'orties.

Sa maison, il avait choisi de l'adosser à un arbre. Il s'est même inspiré de cet arbre pour l'imaginer !

Comme l'arbre, la façade de la maison est si longue que le plafond se trouve troisième Nathan au-dessus de son chapeau ! Il a placé ses fenêtres à-peu-près au niveau du troisième Nathan pour avoir la meilleure visibilité possible au cas où sa forteresse et son arbre fruitier se feraient attaquer par des oiseaux féroces.

Nathan Bouffier avait aussi un chien, Rouki, mais Rouki avait beaucoup mieux à faire que de défendre la propriété de son maître...

Rouki est éperdument amoureux de Bertha... Il lui récite des poèmes dans sa langue maternelle à longueur de journée. Alphonse, lui, tourne le dos à cette situation car il trouve que Rouki est un cas assez désespérant : Un chien, amoureux d'une moutonne qui lui fait face et qui ne comprend pas pourquoi elle se fait aboyer dessus toute la journée... " Ce qu'ils peuvent être idiots tous les deux !", se répète Alphonse en boucle, sans doute un peu jaloux.

Il n'y a que de sa fenêtre que Nathan Bouffier arrive à cueillir les petits fruits, non identifiés mais très nutritifs, de son arbre. Une chance que celui-ci en donne toute l'année ! Toujours plus... Nathan Bouffier garde chaque pépin des fruits qu'il mange. Son stock de pépins se trouve dans son grenier et il compte bien tout planter avant l'été !

Comme son père avant lui, Nathan rêve de peupler la Terre de cet arbre si particulier. Ainsi, le monde entier pourra manger à sa faim !

 

PS : La femelle du mouton c'est la brebis ! Enfin presque, parce que le mâle c'est... le bélier ? Et le mouton dans tout ça alors ? 

 

(ouaf ouaf ouaf ouaf ouaf ...) 

Dessin d'Ugo

Ugo Bouffier

Il était une fois, un homme qui vivait dans les nuages. Ugo Bouffier vivait au 27 nuage des deux ports 04250 Le Ciel. Il ne savait pas très bien comment il était arrivé là.

La légende dit que son père était marin et qu’il était probablement encore en train de naviguer sur les océans à la recherche d’un nouveau continent, et que sa mère, elle, n’était pas tout à fait humaine.

Il se sentait seul, et passait ses journées à se balader de nuage en nuage au-dessus de la planète Terre dans l’espoir d’y retrouver sa famille. Il se déplaçait sur son bateau Nuage. Pour contrer la solitude, Ugo se racontait pleins d’histoires imaginaires en regardant la forme des nuages. Ce qui le rendait heureux, plus que tout, c’était lorsqu’il jetait par-dessus bord toutes sortes de graines, dans l’espoir qu’elles poussent si haut dans le ciel que sa mère puisse y grimper et le retrouver !

Malgré sa grande solitude, il avait toujours le sourire, un sourire éclatant avec une fossette de chaque côté. Ses yeux étaient aussi bleus que le ciel et la mer réunis et très gros, ce qui lui permettait d’y voir très loin. Les seules choses qu’il lui restait de ses parents étaient une canne trop petite et un chapeau transparent laissant apparaître son crâne chauve.

Un matin de Juillet, alors qu’il allait partir semer ses graines, il vit au loin, en dessous des nuages, deux taches grises, comme agrippées à une liane. Il prit sa canne, sauta dans son bateau Nuage et rama vite, très vite vers la cime de la liane. Il la tira de toutes ses forces, transpira encore et encore. Tout à coup, deux grosses boules de laine grises à tête humaine apparurent. Une brebis suivie de son agnelle.

« Mon fils, s’écria la brebis, voilà si longtemps que je cherche à te rejoindre dans les nuages, une grosse tempête nous a, un jour, séparé. Des bourrasques de vents t’ont emporté loin de moi alors que tu étais tout petit ». Ugo n’en revenait pas, il se jeta dans les pattes de sa mère. « Mon fils ne perdons plus une minute, descendons sur Terre, ton père nous attend à bord de son bateau, viens par ici, il y a une autre liane que tu as plantée ».

C’est ainsi qu’ils vécurent heureux sur l’océan en famille. Ugo resta toujours un peu la tête dans les nuages. 

Dessin de Baptiste

Baptiste Bouffier

Il était une fois un homme qui était berger, il s’appelait Baptiste Bouffier. C’était un homme d’un certain âge, il avait une magnifique barbe longue, grise et ondulée. Si je devais décrire Baptiste, je dirais que c’était un homme simple, il portait un col roulé, toujours le même, à rayure vertes et bleues et un jean. Il ne sortait jamais sans sa canne.

Il gardait ses moutons dans de grandes et vastes plaines désertes, non loin des marais salant de Chichiliane.  Il se nourrissait essentiellement de crevettes c’est pour cela qu’il avait la peau d’un rose semblable à celui des flamants roses. Il avait espoir qu’un jour il lui pousserait des ailes et qu’il pourrait s’envoler. Il s’entrainait d’ailleurs à dormir sur une seule de ses jambes toute fine.

Le problème dans ces grandes plaines de Chichiliane, c’est qu’il n’y avait rien à part un peu d’herbes et ses moutons avaient chaque année un peu plus faim. Le mois de Juin était très sec l’année où Baptiste décida d’agir. Il avait lu un livre de Jean Giono, « l’Homme qui plantait des arbres », ce qui avait déclenché chez lui l’envie de planter toutes sortes d’arbres, de fleurs, et ainsi pouvoir peut-être un jour faire de ce désert de landes nues, un coin de paradis. Il se mit donc, cette année-là, à la tâche.

Chaque jour il plantait, sans relâche. Il bêchait, il plantait, il arrosait parfois, il réfléchissait à quelle plante mettre à côté de quel arbre, où planter tel arbre en fonction de l’eau qu’il y avait sous la terre… Il avait beaucoup de travail, heureusement il était passionné. Ses moutons respectaient son travail et ne broutaient que l’herbe en évitant les jeunes pousses d’arbres et de fleurs.

Des années passèrent, et son travail avait porté ses fruits. La vie était revenue à Chichiliane, en même temps que les saules, les érables, les chênes, les lierres, les chèvrefeuilles, les lièvres, les rouge gorges et les abeilles, une petite rivière réapparue. Les moutons allaient y boire son eau fraîche. C’était une oasis de vie incroyable. Un beau jour du mois de juillet, alors que Baptiste Bouffier se faisait très vieux, il rencontra une petite fille qui crapahutait dans le tout premier chêne qu’il avait planté, sans lui dire un mot il lui offrit son livre de Jean Giono. Le soir même, il s’endormit apaisé pour sa plus longue et douce nuit. 

 

Dessin de Nola

Nola Bouffier

Il était une fois une druidesse qui s’appelait Nola Bouffier. Elle habitait un petit village où il faisait bon vivre. Toutes les personnes qui y habitaient, aimaient cette femme. Nola soignait les gens de différents maux, de différentes maladies. Elle avait des connaissances incroyables en plantes médicinales. Elle préparait toutes sortes de potions et de sirops.

Un jour, alors qu’elle se promenait dans une forêt non loin du village elle rencontra un petit garçon. Il était très triste, Nola lui demanda s’il allait bien, il répondit un peu en colère : « Je vais chaque été en vacances chez mes grands-parents, à quelques kilomètres de la forêt de Fouillenet, et la forêt va mal, très mal… Les oiseaux ne chantent plus ». Nola consola le garçon, le rassura. Sitôt rentrée chez elle, Nola prépara quelques affaires, laissa à son amie Mara quelques plantes, potions, essences et instructions. Nola sortit de son placard son bâton de druidesse qu’elle avait obtenu lorsqu’elle avait été adoubée. Son bâton était incrusté de feuilles d’arbres encore vertes et vivantes. Elle mit sur sa tête son chapeau, enfila ses bottes de caoutchouc, enfila à ses oreilles des élastiques qui laissaient pendre une jolie barbe blanche et s’en alla d’un bon pied.

    Elle arriva et ce qu’elle vit dans la forêt était désastreux, des arbres arrachés en tous sens, plus de fleurs, plus d’oiseaux. Elle vit courir un écureuil si maigre…. Elle était triste, le petit garçon avait raison. Nola se mit au boulot.

    Elle commença par se construire une petite cabane dans cette forêt, car elle allait y rester un moment. A l’aide de son bâton elle créa, en le tapant fort contre le sol, une bulle magique autour de la forêt pour que personne n’y pénètre tant qu’elle n’aurait pas repris du poil de la bête. Elle passa ses journées à planter des arbres, des fleurs, à préparer des breuvages pour nourrir tant bien que mal la nature fatiguée.

Trois ans passèrent sans qu’elle s’en aperçoive. La forêt allait beaucoup mieux, elle était belle, elle criait de vie, elle sentait le chèvrefeuille… Nola se dit qu’il était peut-être temps de rentrer. Elle prépara ses affaires et au moment de partir elle sentit que sa vie était ici, elle ne s’était jamais sentie aussi utile et aussi vivante que dans la forêt de Fouillenet. Elle frappa sa canne au sol, la bulle de protection disparue et elle vit au loin le petit garçon, les yeux ébahis. Chaque année elle attendait avec impatience la visite de celui grâce à qui elle avait sauvé cet endroit magique.