Un confinement rempli de lettres et d'imagination 3

Publié par Suzanne Dubois

Dessin de Kentin

Kentin Bouffier

Il était une fois, dans une forêt lointaine et magique, un homme. Il s’appelait Kentin Bouffier. Il était petit, fin, il ne sortait jamais sans son chapeau en cuir et sa pipe en bois. Une grosse barbe frisée d’un noir éclatant s’affalait sur le bas de son visage. Il avait de longues bottes semblables à celle des pêcheurs. Cet homme habitait une maison qu’il avait construite en brique et en terre, avec un toit d’un rouge éclatant. Ce toit lui permettait de chauffer sa maison lorsque le soleil s’y jetait. Elle avait une fenêtre qui donnait sur une grande forêt d’arbres. C’était la forêt magique de Kentin. Dès lors qu’il rentrait dans cette forêt, Kentin s’envolait. Il se baladait de cime en cime, disait bonjour aux oiseaux, aux vents, à chacun de ses arbres, aux fourmis, aux abeilles. Cette forêt était la sienne, cette forêt il l’avait planté, lui, dans un autre monde, loin du monde des humains. Kentin ne considérait pas cette forêt comme la sienne, mais comme un endroit ouvert à tous, parsemé de rencontres. Un endroit où il fait bon vivre pour tous. Tout avait poussé de ses mains, et ses mains elles même, étaient avec le temps, devenues deux marguerites. Il était sans le savoir, le créateur d’un nouveau monde. Un monde qui avait le goût de la paix, l’odeur de l’amour, la texture d’une caresse, le bruit de la vie, et la vision du futur.

Dessin de Julien

Julien Bouffier

Il était une fois, très très loin, tout au bout d’un chemin en terre qui paraissait interminable, une petite maisonnette en bois avec une petite porte peinte en jaune et une énorme cheminé. Cette maison appartenait à un homme solitaire, Julien Bouffier. Cet homme était de nature gaie et farceuse, il était toujours vêtu d’un bleu de travail vert, avec une poche centrale dans laquelle il rangeait des glands. Cet homme plantait des arbres.

C’était une belle journée d’Avril, il prit son bâton, sortit de chez lui et commença à planter comme chaque matin. Le Soleil avait sorti son plus beau sourire, il dit à Julien : « tu es un homme puissant de bonté, je t’aime, voudrais-tu m’épouser ? ». Le visage de Julien, tout gêné par cette demande, devint aussi orange qu’une citrouille. « Soleil, depuis que je suis tout petit, je ne cesse d’être heureux en ta présence et triste lorsque tu disparais mais jamais je n’aurais pensé que nos sentiments étaient… ». Le soleil le coupa « organisons notre mariage demain, et je voudrais comme cadeau de mariage le plus grand feu que l’on ait jamais vu ».

     Julien avait fini de plantait ses glands, il retourna dans sa maison. Il était d’humeur maussade, pourquoi son amour de soleil voudrait-il d’un feu ? Pourquoi son amour voulait-il détruire, assécher tout ce qu’il avait mis si longtemps à construire ? Il retourna dehors et il hurla :

 « - Soleil, Soleil, je ne veux plus t’épouser, je tiens trop à cette terre pour tout voir partir en fumée.

- Ah ! Dit le soleil. Me voilà rassuré. Je cherchais à savoir jusqu’où ton cœur été bon, il est bon tout entier ! En cadeau de notre amour, je t’offre cette immense cascade qui tombe du ciel jusqu’à la lisière de ta forêt. Rassure-toi mon amour tu m’as déjà fait le plus beau des cadeaux, cette forêt que je vois tous les matins en me levant. »

Julien ruisselait de larmes en regardant l’immense cascade. L’amour perdura dans toute cette vallée ensoleillée, fleurie et boisée, parsemée de rivières et de cascade, jusqu’à l’éternité.

Dessin William

William Bouffier

Il était une fois un homme qui se promenait dans une forêt. Cette forêt ne lui appartenait pas, cependant c’est lui qui l’avait planté. Cet homme s’appelait William Bouffier. Il était habillé d’un pantalon sur lequel il mettait toujours des bretelles et chaussait de deux gros sabots en bois. Il avait toujours le sourire, comment faisait-il pour être toujours heureux ? Tout d’abord il plantait des arbres, depuis déjà 4 années. Les trois premiers arbres qu’il avait plantés étaient déjà aussi grands que lui, environ un mètre quatre-vingt. Mais comment ses arbres avaient-ils poussés si vite ? William avait un secret.

Il portait sur sa tête un chapeau très particulier, c’était un chapeau magique. Ce chapeau, c’est son grand-père qui lui avait donné il y a bien longtemps. Ce chapeau était capable, des lors  qu’il le mettait en contact avec un arbre, d’émettre, comme une grosse enceinte, toute sorte de musique. C’est comme si les arbres eux même choisissaient ce qu’ils voulaient écouter. William passait ses matinées à planter des arbres et ses après-midis à les divertir avec des musiques que les végétaux eux même choisissaient. C’était incroyable, c’était la fête tous les après-midis, les arbres faisaient danser leurs branches, toutes sortes d’insectes et d’animaux sauvages venaient se joindre à la fête. Tout prenait vie. Le ciel et la terre accompagnaient les musiques qui s’enchaînaient, tantôt le ciel versait une petite larme tantôt il riait aux éclats. William lui-même dansait, dansait sans cesse, il sautait dans tous les sens. Cette danse de la vie ne s’arrêta jamais, pour le plus grand bonheur de cette forêt et de William Bouffier.

 

Dessin de Naomy

Naomy Bouffier

Il était une fois, une femme qui s’appelait Naomy Bouffier. Elle était amoureuse de la nature et passait son temps à se promener. Lorsqu’elle partait en balade, elle portait toujours sa tenue de camouflage. Elle était composée de bottes oranges, d’une jupe couleur terre et d’un petit débardeur vert, d’un vert de feuille, sans oublier sa cagoule, souvent remontait en chapeau sur sa tête.

Naomy aimait partir à l’aventure pour observer les animaux sauvages. Un beau jour de Mai, alors qu’elle se promenait elle arriva dans une clairière magnifique ! « C’est un endroit magique » se dit-elle. Elle était cachée derrière un immense chêne. Elle observait la vie. Au premier coup d’œil, elle vit qu’il y avait une maisonnette et quelques moutons parsemaient autour d’une rivière où l’eau cavalait fort. Naomy marcha vers la maison, puis elle frappa à la porte. C’est un chien qui lui ouvrit. Naomy, invitée par le chien entra dans la maison. Une grosse marmite de soupe bouillait sur le feu, il y avait des moutons dans toute la maison, l’un sur le canapé, l’autre à touiller la soupe, un agneau jouait avec un bouton de chemise qu’il faisait glisser au sol.

    Naomy n’en revenait pas, de ces animaux qui vivaient comme des humains. Elle buvait un thé que lui avait porté le chien, lorsque tout à coup un bruit de cloche parvenant du ciel sonna trois coups. Tous les moutons et le chien sortirent en courant de la maison. Naomy, curieuse sortit sur le pas de la porte et ce qu’elle vit était incroyable. Tous les moutons s’étaient mis au travail, certains ramassaient des glands d’autre les portaient vers une immense mangeoire et un petit agneau plantait quelques glands dans le sol. Tout d’un coup, dans la mangeoire un feu gigantesque. Du feu, jaillirent des gros flocons de pop-corn. Les moutons étaient heureux, ils en mangèrent une partie et mirent le reste dans la mangeoire. Le chien amena un gros pop-corn à Naomy qui le remercia. Le soleil se couchait doucement dans sa couette de nuage.

     Elle décida de dire au revoir à ses amis d’un geste de la main : « Je reviendrais vite vous voir, merci pour tout, les amis. » Le chien lui répondit « Tu es ici chez toi, cela fait si longtemps que nous t’attendons, toi, notre bergère. Nous te supplions de rester parmi nous ». C’est ainsi que Naomy s’installa dans cette clairière pour l’éternité.

Dessin de Loriane

Loriane Bouffier

Il existe un endroit où les montagnes sont tellement hautes que le soleil a fini par griller les neiges éternelles, avant même qu'elles n'aient le temps de fondre. Les sommets sont ainsi devenus tout noirs et ressemblaient désormais à des mines de crayons.

Passionnée par le dessin et la nature, c'est ici que Loriane Bouffier a choisi de s'installer. Elle habite une vieille maison d'époque, faite de belles pierres de toutes tailles et de toutes formes. Dans sa grande maison, chaleur et hospitalité sont toujours au rendez-vous.

Chaque matin, Loriane marche jusqu'au pied de la montagne et elle crie : « HELLO ! AUBERGE DE JEUNESSE POUR MOUTONS EN DÉTRESSES ! ». En effet, elle a fait de sa demeure un refuge pour que ses petits camarades à quatre pattes puissent faire une halte sur la route des pâturages. 

Cette route n'est pas de tout repos et Loriane est toujours là pour leurs donner le courage de gravir la montagne. Là-haut, près des neiges éternelles, c'est le seul endroit où les moutons peuvent trouver de l'herbe fraîche et croquante. De plus, pour entretenir leur laine toute noire, ils ont tout intérêt à se rapprocher du soleil. Dans la région ils sont appelés les « moutons-charbons » mais Loriane Bouffier n'aime pas vraiment ce petit nom qu'on leur donne. Elle a l'impression que les gens se moquent d'eux.  

Loriane est une jeune femme très coquette qui passe son temps à se déguiser. Des fois, il lui arrive de se déguiser en son grand-père. C'est le cas aujourd'hui. Elle s'est même dessinée une jolie moustache qui fait ressortir ses petites joues toutes rouges. Elle a assorti le chapeau de son grand-père à un joli pantalon, qui était blanc à la base mais qu'elle a teint en violet. Elle est très crédible en papi Bouffier, surtout avec sa petite canne qu'elle a confectionné à partir des racines de ses arbres. Tellement crédible que cette fois-ci, deux moutons ne l'ont pas reconnu et l'ont prise pour un Berger! Ils se sont alors sentis surveillés et ont préféré ne pas s’arrêter au refuge ce soir. Zut alors, "Vite ! se dit-elle, il faut absolument que je retire mon costume autrement je n'aurai aucuns moutons à encourager aujourd'hui"! Elle courut pour rattraper les moutons qu’elle avait laissé partir. En arrivant non loin d’eux elle leur hurla « NOOON ne partez pas, c’est moi Loriane, je tiens cette auberge et je peux vous accueillir ». Les moutons suivirent alors Loriane. Ils passèrent une soirée inoubliable dans l’auberge de jeunesse pour moutons en détresses. Ils mangèrent un succulent repas, dansèrent au son des cloches une bonne partie de la nuit, dormirent dans une paille soigneusement pausé au sol et repartirent au petit matin. Comme chaque visiteur, ils prirent la route le cœur réchauffé d’amour. Lorianne continua toute sa vie à donner du courage à chaque mouton alpiniste qui passait par là.