Session #3 - Écriture à partir des rushes du carnaval

Session #3 - Écriture à partir des rushes du carnaval

Publié par Rémi Brachet

Journal du projet
Arts de rue Arts plastiques Pyrotechnie (qualification C4T1)

Visionnage des rushes d'Ivrea & atelier d'écriture

Visionnage des rushes

En revenant des repérages, nous faisons développer la pellicule 16mm, et numériser (Télécinéma HD) pour pouvoir utiliser/montrer les rushes. Il y a près de 40min d'images d'Ivrea, dont certaines exploitables dans la fiction que nous tournerons l'année prochaine. Avoir tourné le "contexte", des images documentaires, nous permettra de nous concentrer sur la fiction à proprement parler. Je projette ces rushes, bruts, aux enfants. C'est un pari : les images se répètent et ne sont pas du tout traitées (ni étalonnées, ni montées, ni même débarrassées de leurs claps, amorces, etc.). Je crains que les enfants s'ennuient. Je me trompe ; l'examen des rushes, la discussion qui s'ensuit, est très dynamique. Nous parlons pendant que les rushes tournent. Nous analysons les images et leur contexte. Leur enthousiasme me convainc du choix du carnaval : la cinégénie de la bataille d'oranges, du déluge de couleurs, est évidente. Reste à inscrire ce contexte dans une bonne histoire, mais la matière est là.

Invention de personnages à partir de capture d'écran des rushes

Je m'appuie sur ces rushes pour organiser avec les enfants un atelier d'écriture. Je leur confie d'abord un photogramme chacun : ils devront remplir une "fiche d'identité" du personnage qui y est photographié. Une bonne histoire se fonde sur de bons personnages. Une des filles évoque Vaiana, la dernière héroïne Disney. Du coup, on parle des différents Disney, et on essaye d'établir ensemble un étalon des meilleurs personnages, les plus subtiles, les plus complexes, gentils et méchants confondus. En vrac : Scar du Roi Lion (pour sa perversité et sa malice), le prince de La Reine des Neiges (pour sa duplicité), Mulan (qui se fait passer pour un homme)... Chaque enfant - je travaille en demi-classe - planche sur son photogramme. L'inventivité et la concentration sont très fluctuantes ; sans surprise, les enfants qui lisent le plus sont le plus à l'aise, mais quelques autres se révèlent hyper impliqués dans l'exercice. Des enfants qui ne tiennent pas en place d'habitude sont absorbés par l'invention. Il y en a deux qui sucrent leur récré spontanément pour finir leurs fiches d'identité, très détaillées.  

Invention de personnages à partir de capture d'écran des rushes

Mise en commun des personnages et invention des histoires

Je rassemble ensuite les enfants par groupe de 3-4 personnages, en leur demandant d'inventer une histoire en confrontant leurs différents personnages, en mettant en commun leur fiches d'identité. Au début, je ne récupère que des collages : "Il était une fois tel personnage, qui était comme ceci, puis tel autre, comme cela, et encore celui-là... Ils se rencontrent au carnaval et ils sont très heureux." Alors je les pousse un peu, je parle d'élément perturbateur, en m'appuyant toujours sur les histoires qu'ils connaissent (souvent très bien). Souvent, c'est un manque de confiance dans leur imagination qui les freine - "mais moi, Rémi, j'ai une petite tête...", "j'ai pas de mémoire de toute façon", "c'est un truc de filles l'amour, j'y comprends rien" (sic)... Certains groupes accrochent, d'autres moins. Mais trois ou quatre histoires, à force d'y travailler (les enfants établissent deux-trois versions à chaque fois), sortent du lot. L'une a été enregistrée et figure dans la deuxième partie de la vidéo déjà publiée.

Mise en commun des personnages et invention des histoires