Pendant que certains élèves étaient interviewés autour du thème de la cérémonie funèbre, d’autres préféraient expérimenter la partie expression libre. Il y avait, disposée au sol, une grande frise d’expression. Mais aussi des crayons et des feutres pour écrire et dessiner; et des magazines, des ciseaux et de la colle pour réaliser des collages.
Quand j’étais à l’école internationale de théâtre Lassaâd à Bruxelles, j’ai été confrontée à la pédagogie Lecoq. Dans le travail de jeu, s’offraient à nous plusieurs portes d’entrée. Il a été important pour moi d’offrir aux élèves plusieurs possibilités de s’exprimer. Certains sont plus à l’aise avec un crayon, d’autres avec la parole. En tout cas, ils avaient accès à divers moyens d’expression. Démultiplier les supports et les outils afin d’écouter, lire ou regarder ce qu’ils avaient à dire sur la thématique de la cérémonie funéraire me tenait particulièrement à coeur.
Les élèves avaient à leur disposition le livre illustré "La Vie, la mort" d’Astrid Dumontet.
Avec une grande finesse et une sensibilité compréhensive, l'auteur répond aux questions suivantes :
Ce que j’ai aimé dans ce livre et qui m’a poussé à le partager avec les élèves, c’est l’imbrication complète de la vie et de la mort. L’ouvrage était à leur portée, ils étaient libres de s’en saisir ou non. En tout cas il représentait une nouvelle porte d’entrée à ce thème. C’était très plaisant de tourner la tête et de les voir plonger dans la lecture de ce livre.
Dans cet atelier, les élèves étaient sollicités par l’écrit. Ils devaient imaginer comment pourrait se dérouler une fête des morts. Qu’aimeraient-ils qu’il s’y passe? Que voudraient-ils voir ou entendre?
Il est intéressant de constater que certains décrivaient les cérémonies comme elles peuvent se dérouler dans notre société alors que d’autres ont été plus inventifs. Cependant la nourriture et la musique sont des constantes comme si la nécessité du vivre ensemble reprenait rapidement le dessus. Par ce vivre ensemble, leur idée est d’honorer les morts, de leur rendre hommage par une fête, une célébration. La notion de tristesse était parfois présente mais il y avait toujours autre chose qui la suivait comme pour dire “oui c’est triste mais”. Je suis reconnaissante de la participation des enfants. Deux frises ont été remplies de dessins et collages. Et surtout ils n’ont pas du tout été frileux vis-à-vis du thème proposé.
Dans la culture européenne, l’allégorie de la mort est représentée par la figure de la grande Faucheuse. Ce personnage imaginaire prend la forme d’un squelette tout habillé de noir et muni d’une faux et a pour mission de rendre visite aux personnes pour leur annoncer leur mort prochaine. Symboliquement la faux vient faucher la vie. L’idée était de prendre de la hauteur vis-à-vis de cette représentation très commune et d’expérimenter de nouveaux contours de la Mort.
Dans l’atelier CROQUE LA MORT, les enfants étaient invités à proposer leur propre figure de la mort en dessin et collage. Ils étaient tous très enthousiastes. J’aime constater l’étendue de leur imaginaire. Je suis littéralement tombée sous le charme de leurs propositions. Et je trouve assez libérateur d’oser représenter la mort, c’est un jeu périlleux auquel ils se sont essayés avec joie.